15 janv. 2012

J EDGAR : HOOVER THE TOP

C’est l’un des rendez-vous que je ne rate pour rien au monde. Mon mercredi matin chez mon urologue le Dr. Jean-Edgar Ovère, cinquante ans de métier et un anticommunisme qui n’a d’égal que son professionnalisme, pour soigner cet herpès contracté lors du Nouvel An avec une lectrice. Laquelle ? Jean-Edgar l’ignore encore mais en grand pro du renseignement qu’il est, il privilégie pour l’instant la piste d’une lycéenne de 1ère STG. Ou une étudiante en BTS mercatique. Un nid à virus peu recommandable quoiqu’il en soit. L’autre rendez-vous de janvier que je ne manque jamais, c’est la sortie du dernier Clint Eastwood. Il y a deux ans, il sortait Invictus, son biopic sur Morgan Freeman : j’y étais. L’an dernier, Clint foutait Cécile de France à la flotte et conférait à Matt Damon des pouvoirs de médium dans Au-delà : j’ai dormi. Cette année il balance J. Edgar, son portrait de l’énigmatique fondateur du FBI.
Retrouver Eastwood à chaque début d’année, c’est comme empocher ses étrennes chez mamie, ça sent le vieux, on y cause que de gens morts mais rayon pâtisseries mémé elle dégomme le tout-venant de l’entremets calorique (comprendre Hollywood et tout le tintouin). En 2012, le plus ricain des réals yankee s’attaque à John Edgar Hoover, de sa prise de pouvoir jusqu’à son dernier souffle, de la montée du communisme aux States jusqu’à l’émergence du black power, soit soixante ans d’Histoire américaine sur 2h15 de bobines. Ce qui revient à 5 mois d’Histoire de l’Amérique par minute de film. Va falloir vous accrocher les teubés. Ou vous munir d’une frise chronologique pour vous repérer. Au choix. Warning : une femme a essayé de voir J. Edgar, résultat : rupture d’anévrisme au bout d‘une demi-heure. Ce film est dangereux.
Paré de son légendaire filtre gris-clair, la Tom Stern’s touch qui labellise chaque film de Clint « classique instantané », J. Edgar convoque mille thèmes qui dans un sens ou l’autre évoque forcément Eastwood lui-même : un réac et Son Amérique, un facho et sa sensibilité, une figure américaine et son héritage, un mythe et sa toute-puissance, une enflure et sa paranoïa… En regorgeant ainsi de pistes de lecture, J. Edgar passionne au-delà de son sujet même si Hoover reste tout de même l’attraction n°1 de son biopic. Eastwood éclaire certaines zones d’ombre de la vie du dirlo du FBI, notamment le déni de son amour homosexuel envers son second Clyde Tolson. Les scènes dans l’intimité du duo John Edgar/Clyde, faite d’un amour répugné et impossible, constituent le plus beau morceau du film, Eastwood filmant cette tragédie de chambre avec une délicatesse qu’on lui croyait perdue. Séquences émotion à prévoir donc, particulièrement lorsque l’on apprend que le boss du FBI était en réalité une grosse tante et qu’il avait à la place des couilles deux trompes de Fallope et les Hoover qui vont avec.
J. Edgar marque donc le retour de Clint aux récits plus ambigus où la vérité des faits importe moins que la trace de pneu qui en demeure. C’est précisément ce recul qui confère au film sa grandeur toute eastwoodienne : lorsque l’homme prend le pas sur le cinéaste. S’il s’agit indubitablement de la marque des grands hommes de ce monde, dans le cas de Jean-Edgar Ovère, l’homme a rarement pris le dessus sur l’urologue - et dans un sens tant mieux. A l'instar du vrai Hoover, j'espère que le doc emportera ses dossiers confidentiels dans sa tombe. Si vous saviez les saletés que je me trimballe sous la ceinture, lectrices d'amour...
Prochain rendez-vous chez le Dr. Ovère : mercredi prochain. Prochain rendez-vous avec Clint Eastwood : A star is born en 2013. Je vous laisse deviner lequel me tarde le plus.

Les 6 commentaires idiots

  1. J'adore votre ton^^
    Sinon, un bon film.

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  2. Du grand Vincent. Merci du fond du cœur.

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  3. C'est pas faux cette analogie entre la visite chez mémé et les films de Clint. En plus ils ont le même âge ça tombe bien...

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  4. Juste mort de rire une fois de plus !

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  5. Je me suis ennuyé à mourir. J'ai eu l'impression qu'on m'imposait une visite à pépé dans son hospice pendant 2h15. Faut arrêter de regarder le passé et de filmer à l'ancienne Clint.

    Il aurait vraiment dû arrêter après Gran Torino. C'était un beau point final. Là c'est pas dénué d'intérêt ou de valeur mais ça pue le vieux et le renfermé.

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  6. Akwell a raison.

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Fous au moins un pseudo, les anonymes ça nous pète les yeukous.