L'ETE DU DEMON, ARIGATÔ PAPA MAMAN

La dernière fois en cherchant l’intégrale de Luc Besson à la Fnac (cadeau pour un des chroniqueurs d’ASBAF, je vous laisse la surprise les gars) je suis tombé par hasard sur une pochette DVD qui à réussi à attirer mon attention. Un coup d’œil sur la jaquette et les écritures : « L’été du démon, Un film de Yoshitaro Nomura ». Comme 90% des productions japonaises sont des sacrilèges intellectuels au début j’ai un peu flippé. La culture Jap nous inonde de daubes infantilisantes, de cosplayers pédophiles consanguins, de musiques obscènes et de conventions otaku débiles financièrement irriguées par les rejetons handicapés de la génération Sangoku. Et finalement ce qui me dérangeait le plus c’est qu’en achetant ce film je risquais d’être assimilé à l’un de ces détraqués sexuels. Mais enfin je décidais quand même de tenter le coup après avoir pris connaissance de la date de sortie (1977) et parce que chez ASBAF on n’a pas peur de faire du journalisme d’investigation. Alors on prend des risques, on se mouille. Et quelle mouille bordel de nouille.

C’est l’histoire d’un homme qui depuis 7 ans assume une double vie. Ce pauvre Sokichi doit gérer sa femme et son travail d’un côté qui lui pompent la plus grande partie de son énergie et sa maîtresse flanquée de leurs 3 rejetons de l’autre. Jusque là rien d’extraordinaire puisque c’est la description de 50% des foyers japonais. Manque de bol (de riz) une partie de l’imprimerie, unique source de revenus de la famille se consume dans un incendie. A ce moment, parce que le manque d’argent commence à se faire sentir la maitresse décide de sortir de l’ombre et de se taper l’incruste dans le foyer familial. Bobonne n’apprécie pas du tout. Heureusement en pleine nuit la maîtresse pète un plomb et s’enfuit laissant les trois gamins à la charge du père et de sa femme légitime. Mégère certes, mais timorée par-dessus tout, l’épouse nostalgique des soirées plateau repas en couple va convaincre son mari de se débarrasser des gosses, un par un, inexorablement. Une sorte de petit poucet moderne dans lequel ce ne sont pas des cailloux qui sont semés mais des enfants.


J’ai pleuré comme devant Rémi sans famille. L’été du démon est un film cruel, ses méandres psychologiques ne laissent aucune échappatoire au spectateur. C’est un de ces drames dont la seule puissance émotionnelle suffit à faire disjoncter. Tout à fait le genre de matériau à faire résonner en vous des peurs ancestrales, comme la fois où maman et papa vous ont oublié dans une station service paumée entre Montargis et St-Maurice-sur-Fessard. C’est un drame social aussi, l’histoire d’un homme lâche rongé par le remord d’une seconde couche qui voit en l’abandon de ses enfants la possibilité de se racheter auprès de sa femme. On peut très aisément qualifier cette dernière de furie tant elle profite de la faiblesse de son mari pour le dominer et l’entrainer dans un tourbillon de cruauté. Tout les deux iront jusqu’au bout formant une sorte de Ying/Yang de la crudité et de l’immoralité. Et projetés au milieu, formidables petites victimes : les enfants. A chaque fois que l’inflexible sentence du père vers sa progéniture se fait sentir on peut dire que le film atteint son potentiel maximum. Les scènes qui rassemblent les enfants doux et pitoyables et le père tiraillé entre détermination et regrets dégagent une puissance visuelle et émotionnelle rare. D’autant plus que sur le plan de la photographie Nomura adopte un style sobre, sans chichi, qui laisse la part belle à l’histoire et l’action. L’interprétation non plus n’est pas à la traîne, dans ce film on découvre que les japs ont des muscles faciaux et qu’ils savent s’en servir intelligemment autrement que pour déblatérer des politesses à longueur de journée.

En résumé L’été du Démon est une belle réussite qui laisse un gros goût amer, à voir en famille, à montrer à vos enfants après leur avoir parlé de la chance qu’ils ont de ne pas avoir fini dans un congélateur. Il convient tout de même de préciser, parce que peut-être que la review est un peu trompeuse, L’été du démon n’est en rien un film trash. Au risque de vous décevoir bande de pervers, vous ne verrez pas de massacre d’enfant orchestré et sanglant. C’est un beau film, presque mathématique tant il se veut réaliste. Une bouffée d’oxygène entre deux pellicules de merdes qui vous fera pleurer de grosses larmes viriles.

Je vous remercie infiniment de m’avoir lu, honorable lecteur.