Aujourd’hui, ton fournisseur d’accès à la culture haut débit cède à la tentation du buzz et te parle d’un film qui bouscule les kilo-octets du web 3.0 : Buried. Derrière ce prétérit à la con se cache le pitch aguicheur d’un survival pas anodin qui fait mal aux fesses : un gars se réveille dans un cercueil enterré (trad. de buried) sous le désert irakien avec seulement un briquet, un Blackberry à moitié chargé et le temps du film pour s’en sortir. Good luck motherfucker.
Fort d’un marketing viral plutôt futé où le teubé lambda du net peut interagir avec la bande-annonce, Buried marche sur les pas de Cloverfield, autre tour de force tant sur le plan marketing que cinématographique. Même promotion, même puce à l’oreille, même high concept et au final même objectif : devenir un objet de culte. Et si l’un jouait sur la peur du retour de l’ennemi, à savoir un second attentat new-yorkais en pleine croisade bushienne contre l’Axe du Mal, l’autre regarde de front cet ennemi de l’Orient, preneur d’otage et pur produit de l’Irak dévastée. On ira pas plus loin dans l’analyse géopolitique, d’après nos statistiques commandées à l’INSEE, 67% de nos lecteurs n’ont même pas leur bac. Branleurs.
De toute façon, Buried se contrefout des relations américano-irakiennes tendues comme le string de guerre de ta mère : seule compte l’efficacité de ce huis clos anxiogène. Le réal Miguel Cortés n’est pas là pour cajoler son spectateur, ainsi il ne le gratifiera jamais d’un seul plan extérieur, pas même d’un beau paysage avec des arbres et des fleurs kikoolol, l’heure trente et demie se passera dans le cercueil, point barre. Ton héros en chie, alors toi aussi, enjoy ta place à 9€. Le coup de fil lacrymal à bobonne dans la cuisine n'aura même pas lieu, décevant ainsi nos 28% de lectrices fleur bleue, normal on n'est pas chez Oliver Stone bordel. En effet, la biatch ne décroche même pas son iPhone 4. Buried est sans aucune concession, on te dit.
Parfois un peu faciles, la plupart des tours de manivelle de Miguel Cortés scotchent néanmoins la rétine à sa sclère tant Buried a du rebondissement à revendre. Il s’agit là pour le réal de prendre son spectateur à la gorge et lui faire mordre la poussière. Ce n’est pas tant de mise en scène dont il est question (va chercher un angle de vue original dans une boîte rectangulaire et viens nous claquer une bise après) mais plutôt de mise en abîme et de conditionnement psychologique. A un point tel qu’à force et à l’instar du héros (au passage c’est le génial Ryan Reynolds, 9% de nos lecteurs homos sont aux anges), la moindre lueur d’espoir, le moindre fonctionnaire du gouvernement ricain à l’autre bout du fil, agit comme une bouffée d’air frais dans cette atmosphère étouffante et bientôt cadavérique. Miguel Cortés fait ainsi de son Buried une montagne russe émotionnelle assez intense, n’offrant aucun répit et durant laquelle, prisonnier de ce script infernal, le spectateur ne prendra même pas le temps de s’interroger sur les appels qu’il émettrait si lui aussi un enfoiré de sa mère l’avait enfoui sous Kaboul.
Avec les collègues d’ASBAF, on a demandé à nos prostituées qui elles appelleraient si, à leur tour, elles étaient cloisonnées dans un cercueil six pieds sous terre. C’est notre investisseur russe qui a remporté les suffrages. Du coup, on a test pour voir dans une forêt et c’est vraiment lui qui vibrait le plus. Dégoûtés, on en a laissé trois là-bas, on vous les offre si vous les retrouvez. C’est toujours mieux que des places de ciné pour Buried parce qu’on sait très bien que, de toute façon, vous irez le voir, bande de coquins.
Mais merde! Avec un briquet allumé, même la moitié du temps, et même sans, y'a pas 1H30 d'air dans un putain de cercueil!
RépondreSupprimerDans Kill Bill, quand Uma Thurman elle aussi cloitrée six pieds sous terre pète son cercueil rien qu'avec trois coups de poing, personne n'a rien dit.
RépondreSupprimerAvec Buried, on revient à un niveau de réalité plus authentique même si j'avoue, 1h30 avec un zippo dans une box pareille c'est peu plausible. L'essentiel est d'y croire, c'est du cinéma.
ah ah, quel style ! j'aime beaucoup le ton de ta critique, qui en plus dit l'essentiel... bravo !
RépondreSupprimerVu cette semaine, le film est super plaisant (paradoxalement).
RépondreSupprimerLes petites putes vont à poil en attendant leurs tee-shirts.
RépondreSupprimerOuaip on t'oublie pas, on s'est pas encore démerdés pour ça. On te tient au jus.
RépondreSupprimerLe meilleur film de 2010. Toi qui l'as comparé à "Cloverfiled" (qui est excellent), je le situerai plus vers le côté de "Requiem for a dream" (surtout pour la tension palpable durant tout le film et le fait que tu pisses dans ton froc à la fin tellement c'est insoutenable).
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