22 mai 2013

ONLY GOD FORGIVES : MIEUX QU’UNE PSYCHANALYSE

Après le succès critique et incontestable de Drive, il est peu de dire que le dernier Nicolas Winding Refn était attendu par tous. Only God Forgives est sorti ce mercredi pour clôturer le festival de Cannes 2013, et même si on n’est pas sur la croisette, ASBAF t'offre l'exclu du moment pour briller en société. Leçon de choses, chapitre 2.

Un scénario signé Disney...

Entraîneurs et gérants d'un club de Muay Thaï – menu 18 chez tous les bons chinois – deux frères saignent Bangkok et vivent de ses artères principales. Bastons de gosses, paris illégaux, drogues et tourisme sexuel à moins de 100 bahts font partie du quotidien de Billy et Julian. Puis un soir, probablement ivre et assoiffé de sang, au lieu de lui coller dans le fion comme à son habitude, Billy allonge cordialement son poing dans la gueule d'une gamine suffisamment âgée pour manger des petits LU plutôt que des mandales. Le flic en charge de l'enquête, Chang – c’est même pas une blague raciste, c'est son nom dans le film – décide alors de rendre justice lui-même. Commencent ainsi une vendetta familiale et une plongée dans les névroses d'un américain dans l'ancien royaume de Siam.

… réalisé avec des tripes,

Toujours adepte de la violence à outrance, des longs silences et des personnages aussi mystérieux que charismatiques, Only God Forgives ne fait pas exception à la règle. Une cinquantaine de lignes de dialogues tout au plus, un ticket pour Bangkok, quelques hectolitres de sang, un sabre, un Ryan Gosling, une face de citron, des putes, et hop le tour est joué. Il en faut peu pour faire un bon film, mais pour autant tout le monde n'a pas la capacité qu'a Nicolas de savoir sublimer chaque élément pour étayer ses propos et ainsi parler de la jalousie fraternelle, des complexes physiques, de la frustration sexuelle, tout comme des liens qui unissent une mère à son enfant, de la douce chaleur sécuritaire du fœtus jusqu'au complexe d'Œdipe. En même temps, avec une mère aussi sexy que Kristin Scott Thomas, qui n'aurait pas envie de fourrer maman? Même pour l'empailler?

au satay sur plaque chauffante.

Avec Bangkok en arrière plan, le film prend son ampleur. Dans un pays où la capitale a le nom le plus long du monde – si vous ne me croyez pas –, où les habitants et les crasses ne semblent faire qu'un, où l'essentiel des transports se fait en taxis, en tuk-tuk ou en ridant des éléphants, où l'économie suit la même courbe que l'évolution du tourisme sexuel et où les sports nationaux sont le karaoké, la muay thaï et le ping pong show, de ce pays là, il ne peut sortir qu'un film de cinglé. Et Nicolas l'a bien compris. Il relève donc le défi, use de filtres rouges à foison, compose des plans d'une incroyable précision, recherche dans chaque photo la perfection, et assure la direction d'acteurs, pour un résultat impeccable où rien n'est superflu. Tout ce qu'il nous offre à l'écran nous transporte dans un monde fantasmagorique, dans son monde bordé d'ultra-violence aux codes et aux valeurs omniprésentes, une sorte de cauchemar pour les sains d'esprit dont on espère pouvoir se sortir un jour.
En un mot comme en cent : du nougat !

Les 11 commentaires idiots

  1. J'ai pas aimé drive, Gosling trop présent à mon gout mais Only god forgives est parfait on retrouve l'atmosphère glauque des premiers films de Winding refn où les héros sont sales. Mention spéciale à Kristin bandante comme jamais et au Yellow nigger qui m'a bien fait kiffé

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  2. Sur vos précieux conseils de SM nécrophiles, je suis parti voir God Never Forgives...Gilles Bouleau avait raison, c'est violent quand même.

    Alors ok, la mise en scène et la psychologie des personnages est bien foutue, ok, Bangkok c'est sympa et ok c'est dans la lignée de Drive façon "on prends les mêmes et on recommence", mais putain c'est aussi un prétexte de merde pour te caser des clous dans les yeux d'un rouquin et une main dans un estomac de maman morte.
    En plus le keuf qui coupe les bras des gens il fait des karaokés dans un bordel alors que y a aucune scène de baise, on dirais une compilation de trucs que t'as pas envie de voir mais en bien filmé.

    En gros c'est propre mais sérieux c'est du cinéma et pas du tout du divertissement, y a 4 personnes sur les 16 de la salle qui se sont barrées pendant le film tellement ça faisait chier que Raïanne Gosselingue parle pas. (n'empêche VF ou VO pour le coup c'est vraiment pareil)
    Mention spéciale pour Christin Scott Thomas déguisée en Madonna quand même.
    sinon ben... ouais bof

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  3. Bon les gars faudrait arrêter de se pignoler parce-que ce film est quand même une sombre merde.

    Je m'explique: une belle photo - techniquement parlant s'entend parce-qu'on peut ne pas être sensible à l'éclairage rouge façon Dario Argento période Suspiria- des bons acteurs -mention spéciale à Kristin Scott Thomas dont on ne pouvait soupconner une telle milfitude- et un scénar ultra balisé ne peuvent prétendre suffire à faire un bon film. On peut même se dire que c'est criminel de mettre autant de moyens formels et humains au service d'un métrage pété d'autosuffisance.
    C'est bien simple, le film reprend tous les défauts que l'on pouvait imputer à Drive: la lenteur/langueur, le mutisme jusque-boutiste du personnage principal et un scénar simplissime sans aucune des qualités (souffle, émotion) qui le faisait basculer du nanard arty au chef-d'œuvre contemporain.
    Dans Only God forgives il n'y a qu'une histoire de vengeance à Bangkok sous fond d'Œdipe lourdingue (la main plongé dans le ventre de la mère morte... on va pas rajouter des sous-titre non plus)entre un fils américain limite impuissant et un père thailandais prosélyte de la loi du Talion et amateur de karaoké, le tout filmé à 2 à l'heure sans raison et avec quelques scènes bien gore pour choquer le bourgeois -l'accumulation de ses scènes dans le film trahissant d'ailleurs le manque de substance de manière flagrante.
    Le film est plié dès l'ouverture, tout le reste est prévisible.

    Je vais juste espérer pour ma part que le père Refn retrouva pour ses prochains film la grace qui l'avait touché pour Drive.

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  4. Écoute pas ces sombres merdes qui ne jurent que par Fast & Furious, t'as raison ce film a une classe monstre.

    Acteurs excellents : Ryan Gosling a les couilles de jouer un rôle de faible, aux antipodes de ses habitudes, KST est ultra douée as always (sérieux je vais paraphraser un truc que vous aviez dit sur Gérard Depardieu : Vous prenez toute sa filmo vous trouvez les meilleurs films jamais sortis et quelques-uns des pires), et le chinois est monstrueux de froideur et curieusement hyper convaincant en chanteur romantique.

    Photo parfaite : au début j’ai cru qu’il allait nous la jouer Rouge Total, mais le réal a eu le bon goût de varier les tons et les ambiances. Soit dit en passant il est bien meilleur que Damidot question choix du papier peint.

    Quant à l’histoire elle est effectivement simple, mais fichtrement efficace, d’ailleurs le film est court juste comme il faut.
    Alors c’est sûr y a pas d’explosions et de gros effets spéciaux, mais c’est un putain de film old school, donc allez voir Pacific Rim et arrêtez de pleurer parce qu’il n’y a pas beaucoup de dialogues !

    Et pour finir, cette histoire de violence haha ça me fait bien rire ! Moi qui suis plutôt du genre à aller voir les Croods j’avais préparé ma bassine pour vomir mes tripes, et franchement à part deux scènes un peu gores où j’ai pas regardé c’était tranquille !

    Ce film n’est pas une « ode à la violence inutile » comme j’ai pu le voir quelque part, au contraire il faut de la finesse pour l’apprécier ! Tout est sous-entendu et subtil, il n’y a que les gens qui regorgent de sensibilité comme l’équipe d’Asbaf pour comprendre que ce film est un petit bijou soyeux.

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  5. PoorlyTimedGimli30/05/2013 23:57

    AND MY AXE!!

    Merci pour la trikite, j'ai bien rigolé une fois de plus.

    @Clé: le scénar efficace non...quand le film se doit d'expliquer le comportement du frangin quand il a fracassé la pute, la mère qui sort "Il avait ses raisons" j'ai trouvé ça franchement rat. Et c'est un seul exemple. Et même si le scénar doit passer après l'esthétique, dans Drive on avait un vrai spectre émotionel avec une justification implicite claire et crédible. Là c'était à la limite du torture porn.

    J'ai bien aimé mais le film essaye trop d'être Drive... et le scénar c'est de la merde en barre. Autant je trouve Winding Refn ultra classe et la photo léchée m'a fait jouir, autant le côté eye candy sauve pas le scénar en bois. Et Gosling TROP silencieux ici. Ça fait juste prétentieux "téma, j'ai fait Drive et il a sorti 5 lignes de dialogue, qui dit mieux, là il en dira 3 juste pour les lulz."

    My 0.2ç

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  6. @PoorlytimedGimly : Mec je suis pas sûre d’avoir compris ton exemple mais l’important est de participer…
    En substance il me semble que tu es frustré de ne pas savoir pourquoi le mec a fracassé la fausse pucelle, mais selon moi toute l’explication se trouve dans le film : ces mecs baignent dans la violence (et à mon avis le sexe interdit) depuis leur plus tendre enfance, et ce soir-là il avait envie de faire mal autant avec son « enormous cock » qu’avec ses poings. Le gars est perturbé depuis le début et quand sa mère dit qu’il devait avoir ses raisons elle est totalement à côté de la plaque puisqu’il n’avait justement aucune raison spécifique.

    Je sens que mes explications sont à peu près aussi claires que les tiennes mais bon…

    Quand t’es devant ce film tu regardes pas un bon policier ou une histoire d’amour ou un film d’aventures, pas même un porno ! Tu mates une tranche de vie et la manière qu’ont les personnages de gérer un « drame ».

    Je ne relève pas l’histoire du silence, peut-être qu’effectivement c’est prétentieux, n’empêche que le résultat est là.

    Ton pseudo est cool sinon

    Santé bonheur

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  7. Vous êtes trop mignons à débattre cinéma dans les commentaires sans même vous insulter, on se croirait sur telerama.fr tellement vous argumentez bien. Cimer de rendre le blog un peu plus pédé.

    Cela dit, ça semble vous étonner que Only god... ne ressemble pas à Drive. C'est en 2011 qu'il fallait s'étonner les cocos : Drive ne ressemble en rien aux Pusher, à Valhalla rising ni à Bronson. Tout le monde s'est mis à kiffer Refn alors que Drive est juste un énorme coup de chattard de sa part. L'anomalie c'est Drive, pas Only god forgives.

    En tout cas, petit coeur pour Clé qui, rien que par ses commentaires, laisse supposer un physique de bombasse. <3

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  8. Drive est loin d'être un coup de chatte quand même. On fait pas de bons films sans faire exprès. Y a que Christian Clavier et Jean Réno qui sont capables de faire ça, tu le sais bien.

    Quant au débat sur les silences, ils sont récurrents aux films de Refn, seuls les deux premiers pusher sont bavards, le troisième entamait sérieusement la grève du dialogue, et Valhalla est carrément le roi du silence. Donc faut pas s'étonner que ses films soient de plus en plus silencieux, surtout depuis qu'il est reconnu pour son travail sur Drive.

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  9. PoorlyTimedGimli03/06/2013 07:43

    @Clé: non pas frustré, juste un peu blasé. Je m'en doute que le mec a fait ça parce qu'il baigne dans la violence et qu'il déraille, comme tu dis c'est dans le film.
    Alors ouais effectivement la mère est à côté de la plaque, mais du coup le dialogue entier est à côté de la plaque et pour la cohérence émotionnelle de l'évènement ça retombe un peu à plat. En gros j'avais l'impression de voir des personnages qui vivent pas dans le même monde que celui que Winding Refn a créé, c'est ça qui blase. Le mot rat est mal choisi.
    D'un côté l'esthétique peaufinée à la vaseline avec amour, l'ambiance oppressante efficace et vaguement wtf comme dans Bronson et Drive, et de l'autre, la profondeur émotionnelle digne d'une annonce d'Anonymous "ah meouer il l'a fé pour les lulz tavu."

    Et @les deux tauliers, vrai pour le coup de chatte (même si comme dit Akwell ça prend plus que de la chance pour faire un gros film de swag comme Drive) par contre là c'est justement l'impression du film qui se prend pour Drive qui me laisse un vague arrière-gout dans la bouche. Le silence ne m'étonne pas mais à force de répéter dans le même registre à chaque film ça fait de plus en plus frime et auto-complaisance.

    En tout cas ça empêche pas que NWR est un réal de qualitay et que j'attends son prochain film.



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  10. @PoorlyTimedGimli, Je me le suis rematé juste pour confirmer que j’ai raison et pas toi. Verdict sans appel, tu peux pas test. Comment peux-tu ne pas voir la profondeur émotionnelle du personnage de Gosling ??? Le mec est plus profond que les fosses nasales de SJP !
    Ce gars est un smoothie d’émotions à lui tout seul, haine, terreur, amour, concupiscence, jalousie. Y a tout sauf la joie… Et le fait qu’il arrive à faire passer tout ça en 6 lignes et une trentaine de syllabes est un exploit en soi.
    Je détaille que Gosling, qui fait la meilleure perf, mais l’analyse vaut pour tous les persos et les relations entre chaque.
    Par contre tu peux me fouetter à grands coups de spaghettis trop cuits, parce que j’avais même pas fait le lien avec Bronson qui est quand même un chef d’œuvre et dans lequel on retrouve effectivement la patte du maître Refn. N’est pas critique ciné qui veut

    @Vincent, t’inquiète ce blog dégouline beaucoup trop de testostérone et de semence pour être Taubiratisé par un débat de pédales dures.
    Et tu t’imagines même pas à quel point t’as raison sur mon physique, je suis à mi-chemin entre Jennifer Lawrence et Steve Buscemi, c’est te dire

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  11. On applaudit bien fort Clé qui fait preuve d'intelligence, de bon goût, de répartie et d'humour. Merci, avec des lectrices comme toi, plus besoin de répondre aux lecteurs.

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Fous au moins un pseudo, les anonymes ça nous pète les yeukous.