25 oct. 2011

THE ARTIST : DU RICAIN BIEN DE CHEZ NOUS

Quand je regarde en arrière sur ASBAF, je réalise que mes derniers articles ne portent que sur des dessins animés pour chiards, des films avec des enfants-acteurs ainsi que sur Justin Bieber. A part la théorie disant que la séduction passe par l’apprentissage des goûts de l’autre, je ne me l’explique pas. Mais quitte à reviewer des films pour pécho, j’arrête l’enfant ; visons la vieille. La milf de bon goût. Le rat des salles de cinéma, toujours sapée avec les mêmes fringues délavées et fière détentrice d’une collection de milliers de cartes de ciné tamponnées. La meuf typique ayant kiffé The Artist.
T’as entendu parler de The Artist, c’est le film pour lequel la file d’attente remplie de types mal fringués patientait pendant que toi et tes potes winners preniez vos places pour Johnny English : le Retour parce que bon, toi t’es quand même un grand fan de Rowan "Bean" Atkinson, le seul humain à avoir été touché par le bug de l’an 2000, et ce en 95, année à laquelle il est à jamais resté coincé. Alors c’est sûr, sur le papier tu t’ennuies moins devant la tronche de Bean en 3D que devant un film muet en noir et blanc produit cette année, à ceci près que The Artist réunit une belle bande de talentueux salopards, à commencer par Hazanavicius, son réalisateur, décidément obsédé par le cinéma d’une autre époque. C’est aussi le mec particulièrement balèze en dialogues dans cette grande mafia qu'est le cinéma français, auteur des OSS 117, Derrick contre Superman et du Grand Détournement, alors respect mon pote. Ensuite t’as quand même Jean Dujardin et Bérénice Bejo, déjà réunis dans Le Caire : nid d’espions, qui connaissent un minimum leur sujet. Troisième homme à mon avis, le maître de la musique de ce film, Ludovic Bource. On peut se foutre de son blaze mais pas de ses prods, en plus de ses précédentes collaborations avec Hazanavicius, ce mec a bossé entre autres avec Bashung ou les Svinkels.

Le problème c’est que sur le papier, c’est toujours un peu naze et surtout complètement con. Un boss des dialogues qui décide de faire un film muet, des comédiens certes talentueux mais qui n’ont jamais eu l’occasion de bosser sans l’ouvrir, un arrangeur d’albums rock et punk-hip-hop qui se colle à la composition de morceaux de classique... Bref, il fallait une paire grosse comme les Twin Towers à Thomas Langmann l’opportuniste pour produire une équation pareille. Ca donne une histoire qui rappelle beaucoup l’excellent L’Illusionniste de Sylvain Chomet : dans les années 30, Duj’, star de films muets, ne parvient pas à résister face à la nouvelle mode des films parlants. Lui qui a lancé une jeune actrice devenue superstar (Bejo) se retrouve à son tour au fond du trou et refuse la main qu’elle lui tend.
Heureusement pour Langmann et son plan épargne logement, c’était bien vu : Hazanavicius et tous les autres sont à leur poste, occupés à pondre le meilleur truc de l’année 2011. Dujardin n’a pas volé son prix à Cannes ; lui qui d’emblée joue à merveille le rôle du beauf est ici fantastiquement émouvant, et dans le rire, et dans le drame. Bejo ne tient pas la chandelle pour autant, elle rend hommage aux femmes de ces films muets au point qu’on se croirait devant l’un d’entre eux ; on la croquerait volontiers. Y’a même John Goodman (Barton Fink, The Big Lebowski) dans le rôle du producteur d’Hollywood, tu vois qu’il est fait pour toi ce flime. Bource en chef d’orchestre : avec sa musique, tantôt d’inspiration classique, tantôt jazzy dont les sonorités rappellent le taff de Bernard Herrmann sur Taxi Driver, il explose à mon sens les bandes originales de tous styles de cette dernière année. 
Il est pour moi une scène culte dans The Artist : alors que le film est bercé de bout en bout par la musique, son climax se fait dans le silence le plus total : on palpe les émotions de nos voisins et voisines dans la salle de ciné, moment fantastique pour quiconque aime le cinoche. Et pour une fois que c’est pas la ménagère qui mange ses chips ou chiale devant Kad Merad, on va pas se plaindre. Je souhaite que ce truc rafle un paquet d’Oscars en Février 2012. Moi j’en ai rien à foutre des Oscars, mais ça emmerdera un paquet de monde et ce sera enfin pour un bon film (coucou La Môme). Bon je me casse, y'a Samantha, 57 ans, qui  me supplie de venir lui parler politique dans ma cave. La bise.

Les 12 commentaires idiots

  1. J'approuve totalement, merci bien!
    The Artist m'a débouché la rétine, j'ai vraiment adoré.
    Bravo pour cette critique fort goûtue :D

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  2. 'On la croquerait?' LM m'a tuer.

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  3. Le point culminant de ce flim, c'était quand même l'un des spectateurs qui a lâché un rot remarquable 5 minutes après le début. M'étonnerait pas que ça soit Akwell, vu la puissance.

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  4. Pauline : bien, maintenant il faut aller voir Johnny English pour pouvoir comparer. Allez hophop.

    Kodz' : toi tu as eu les émotions palpables en stéréo et sûrement en odorama, ne te plains pas, chanceuse.

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  5. Ca c'est ce que j'appelle une critique qui dépote. Mais c'est sur que The Artist c'est l'un des meilleurs trucs de l'année avec Drive.

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  6. Pas aussi emballé que vous mais c'est un film/pari réussi.

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  7. Pareil que Wilyrah !
    Pas enflammé (moins que ta Samantha je suppose), mais convaincu de la réussite du film. Un peu de défi dans le cinéma français, ca dérange qui ?!

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  8. Merdouille, L.M., quelle magnifique critique ! Non, sérieux, tu m'en bouches une couille.
    Pour sûr, le film le mérite amplement, sous tous ses aspects. LA très bonne surprise du cinéma français. Dommage qu'il n'ai pas bénéficié de tout le tapage médiatique d'Intouchables, mais au moins, il n'aura pas le rôle du film qu'on déteste, juste parce que tout le monde nous aura trop rabattu les oreilles avec.

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  9. Super critique, mais pourquoi écrire "flim" avec un E ?

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  10. J'arrive après la pluie, mais faut bien que je réagisse à tout ce tissu de conneries défendables que je viens de lire. J'ai vu The Artist la semaine dernière dans un ciné ricain - je dis pas ça pour faire The Mariol, mais ça a peut être influencé mon écoeurement cinématographique. J'y reviendrais...

    The Artist fait partie de cette série de films de 2011 qui témoignent de l'incroyable sclérose du cinéma occidental actuel (comprenez : le cinéma ricain, ainsi que les autres pays qui essayent de faire tout pareil). Pèle-mèle, je mettrai dans ma corbeille des films tels que "Drive", "Tree of Life", ou "A trois sur Pepita". Le point commun de ces films à priori sans rapport entre eux? Ils ont tous un scénario tricoté de papier cul usagé (used towel, en vo). Ryan Gosling est magnifiquement filmé, mais l'histoire qu'on nous vend est moins bien réchauffée qu'une chicken wing KFC; Tree of Life tente de raconter la bible à des CE2 avec un sens du cadre tenant au génie; quant à Trois sur Pepita...

    The Artist participe du même procédé : chions un scénario à deux balles prétexte surlequel tout le monde pourra baver tout et n'importe quoi (métaphore des mutations culturelles actuelles, histoire d'amour universelle et mythique, zoophilie canine stanislavskienne...); et trouvons un concept hommage fourre-tout aussi osé qu'une partie de scrabble dans un bordel... et hop voilà, vous l'avez votre coup de génie commercial.

    Car si je ne doute pas des intentions louables de Hazanabasistuc et de son équipe (que j'adore au demeurant, depuis "monde de merde" jusqu'à "Rio qui répond plus"), je suis plus circonspect quand aux couilles artistiques de Langmann. Ce bon vieux fils de Claude a eu un flair d'agent immobilier en pleine crise des subprimes : faire un film muet NB certes, mais un film ricain, sur des ricains, pour des ricains. J'en reviens à mon influence environnementale, où à la fin du film le tas de ricains derrière moi a poussé des "Awesome", "Amazing", "Fuck", et "Where is the towel please"? Preuve est faite.

    Voilà qui fait de "The Artist" un film bourré de talent gaché parce qu'ultra-formaté, tout comme l'étaient dans d'autres registres "Drive" et cie. Mais méfiez vous de l'outsider qui pourrait bien rafler tous les oscars cette année, j'ai nommé "A trois sur Pépita". Là, au moins, il se passerait quelque chose.

    Au plaisir de vous lire encore et toujours, cher connards d'ASBAF.

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  11. Même Morsay peut le faire : http://www.youtube.com/watch?v=wOE_zf5cueQ&feature

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Fous au moins un pseudo, les anonymes ça nous pète les yeukous.