1 déc. 2010

MONSTERS : FABLE CONTEMPLATIVE SUR FOND D'INVASION EXTRA-TERRESTRE

Chez ASBAF, on a des lecteurs fans de Star Wars et je les aime plutôt bien. Dans la catégorie SF disons que ce sont les fans les plus appréciables, ils ont un petit côté enfant attardé attachant et sont plutôt ouverts comparés aux autres catégories de fans. Mais dans le fond ils restent quand même des fanboys : imperméables aux critiques et toujours prompts à porter leur saga fétiche au panthéon de l’art cinématographique. Et ça c’est relou, surtout que les 3 derniers films sortis n’ont pas grand-chose de bandant. Alors on s’est dit avec les connards qu’un jour ça serait pas mal d’en choper un ou deux dans une convention pour les coller devant une vidéo en boucle de Jar Jar Binks pour voir si ils avaient vraiment « la Force ». Plutôt cruel je sais, à la place comme Irvin Kershner vient de rendre l’âme et qu’avec lui c’est un peu leur enfance qui s’envole, je me suis dit que je pouvais aussi leur rendre service. Je voudrais leur conseiller d’aller voir Monsters, je sais qu’après 10 ans de préquelles Star Wars c’est chaud pour eux de bander pour autre chose qu’Obiwan kenobi mais le jeu en vaut la chandelle. Les gars, rangez votre sabre laser dans votre slip, sortez du sous-sol de chez papa et maman et payez-vous une place pour Monsters car c’est enfin de la SF innovante qui ne verse pas dans la surenchère d’effets spéciaux.
La première qualité du film c’est de surprendre. Monsters est étonnant parce que c’est d’abord une histoire d’humains, un récit qui trace le destin d’un homme et d’une femme amenés à voyager ensemble à travers les terres dévastées du Mexique (à pieds pas en pod-racer, entendons nous bien). Et là vous vous dites : un gars, une fille, un road-trip, ça va encore être des histoires de cul. Raté, même si le film donne presque dans la romance parfois, il ne tombe pas dans le langoureux et encore moins dans le drama. Et c’est tant mieux, on préfère franchement voir Gareth Edwards, le réalisateur, nous livrer une fable contemplative qui peut en plus se vanter de faire penser à Orwell et Miyazaki en même temps. En toile de fond de cette SF suggestive, une invasion extra-terrestre qui a eu lieu il y a 6 ans et dont on ne verra rien que des vestiges : des ruines désolées où la nature a repris le dessus sur l’œuvre humaine ou encore des forêts vierges à perte de vue cerclées par de gigantesques murs peinant à contenir les créatures. Des créatures qui se feront discrètes d’ailleurs tout le long du film même si aux abords de la « zone infectée » elles s’affichent partout, à la télé, sur les fresques murales, dans l’inconscient collectif et à travers les épaves des tanks, témoignages de luttes passées. L’intrigue du film ? Jetés au beau milieu de cette conjoncture Samantha et Andrew galèrent à franchir la frontière des USA.

Une autre des qualités de ce film, qui fait que rien que pour ça vous devriez déjà ramper vers le Pathé le plus proche, c’est sa genèse. De nombreuses sources à travers les internets parlent d’un budget de production de $15,000 seulement. Vu la qualité de la photographie, ça paraît fou. Mais si c’est vrai c’est brillant et ça explique pas mal des points forts du film. Pour faire des économies Gareth Edwards a qualifié lui-même sa manière de tourner « d’opportuniste ». Moi je parlerais de soif de réalisme aussi, vu le style documentaire qu’adopte la caméra. Ainsi sur certaines scènes ils n’ont pas hésité à embaucher les acteurs clés une poignée de minutes avant le début du tournage, sur place, parmi les autochtones. De même, la majorité des mercenaires présents dans le film ne sont pas des acteurs. Ce sont des vrais guerriers poilus tout droits sortis d’un spin off de The Expendables. On a aussi parlé des dialogues improvisés des deux acteurs principaux qui donnent aux personnages une touche fraîche et fruitée. Je me souviens même avoir lu que pour une scène de feu de camp où les guerrieros sympathisent avec les protagonistes, Edwards a fait mine d’éteindre sa caméra pour les interroger sur de vrais sujets brulants d’actualités, comme les relations tendus entre le Mexique et les Etats-Unis ainsi que les frontières que ces salaud de Ricains érigent tout au long du Rio Grande. Au montage ils ont pu replacer ces dialogues impromptus dans le film en prenant soin de tout remettre dans le contexte « invasion extra-terrestre ». Bien ouèj Gareth, ça passe nikel.
Enfin, en plus d’avoir la bonté de nous offrir un film parfois fait avec des bouts de ficelles et tourné dans des conditions difficiles (chaleur, moustiques, terrain) on a aussi droit à quelques visions hallucinantes. La grandeur de la nature peuplée de ces fantômes du passé rappelleront à certains les forêts mystérieuses chères à Miyazaki. Et ils auront raison, les bougres, comme le japonais Edwards semble aimer parler de la domination de la nature sur l’homme. Comment on s’acclimate à elle et comment elle s’acclimate à nous. Mais le sujet principal du film c’est bien le Monstre, métaphore quotidienne de tous les emmerdeurs qui nous pourrissent la vie mais avec qui on doit composer. Pour vous ça peut-être une sœur dépressive, un pote dans sa période Ty Seagall, un Fan d’HP 7, une copine dont on a plus la force d’assumer l’hystérie… Pour Sam et Andrew ce sont des pieuvres lumineuses de douze mètres de haut, chatouilleuses, sauvages et belliqueuses. Mais pour nous tous la question est la même : comment gérer ces hideuses créatures tentaculaires qui vivent chez nous ? Je vous laisse voir le film pour répondre à cette question, je sais bien que chacun à sa manière procède selon ses principes. Chez ASBAF par exemple on a une section commentaire pour contenir les cas difficiles.
Bon. Et sinon j’aurais pu vous expliquer pourquoi la promo du film était foireuse, pourquoi les comparaisons avec District 9 montées par des commerciaux idiots sont toutes plus fausses les unes que les autres, pourquoi pour rendre le film plus commercialisable la boîte de prod’ a refusé à Edwards un film originellement centré sur 3 histoires principales pour finalement favoriser l’histoire centrée sur le couple. J’aurais pu aussi vous dire pourquoi j’ai autant bandé pour Whitney Able, pourquoi les réactions des trous du cul du net, frustrés de ne pas avoir vu de plan large sur les monstres, m’ont fait mourir de rire. Mais l’article est déjà trop long pour les quelques abrutis qui auront pris la peine de me lire. Ne retenez que le principal : même si ce n’est pas la production de la décennie, Monsters est un bon petit flim qui vaut définitivement la peine d’être vu. Pour l’histoire, l’image, le son mais aussi pour la leçon implicite que donne Gareth Edwards sur le cinéma. Avec un mini budget, du talent et la technologie actuelle Gareth nous montre la piste du cinéma SF de demain. Et aujourd’hui il nous livre le film de monstres le plus réaliste qui soit.

Les 9 commentaires idiots

  1. L'article rattrape la bande annonce. Brillant.

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  2. "guerrilleros" de "guerilla"

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  3. Y'a des types qui ont quand même rien à foutre hein... Tu ferais pas mieux d'aller réviser ton bac ou te coller un parpaing dans le cul putain de névrosé ?

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  4. Vu avant de te lire, et je ne sais lequel du film ou de ton texte est le plus génial ! J'adhère absolument ton point de vu et c'est vrai qu'il y a du Miyazaki. Et j'ai vraiment bandé pour le film comme pour Whitney :)

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  5. Merci ! Ouep Bob, j'ai lu ta review, c'est vrai que je rejoins ton avis.

    Whitney dégage un truc dans ce film. Quand je pense que ce putain de journaliste à la con aurait pu moyenner si il avait pas craqué pour une pouffiasse locale. En plus pour se faire piquer son passeport.

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  6. Bonsoir, il faut absolument que j'aille le voir avant qu'il ne soit trop tard. Il ne se donne presque plus. Les billets que je lis sur les blogs sont vraiment élogieux. Bonne soirée.

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  7. Ben sans me la raconter cervelle en mode branlette à références qui tuent (non sans déconner, Orwell bien joué), j'ai regardé ce film par hasard et j'en suis sorti...apaisé.
    Un film qui n'est pas vraiment SF, pas vraiment road-movie, pas vraiment comédie romantique (ouf), juste une histoire de gens auxquels on s'attache sans s'en rendre compte. Une réussite pour un ovni.

    PS : Les gars quand une critique vous plait, il n'est pas utile d'avaler les boules de son auteur pour lui coller votre langue dans le derrière...z'étiez tous des fayots à l'école ou quoi ? Ils distribuent des places gratuites de cinoche pour ceux qu'ont les glandes salivaires façon femme fontaine ???

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  8. Exact ! Comme m'a appris ta sœur.

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Fous au moins un pseudo, les anonymes ça nous pète les yeukous.