15 mai 2011

LA PROIE

On a beau être à Cannes, on va pas se laisser intimider par tant de pognon, de stars, de robes à paillettes, de yachts, de jacuzzis et de décolletés plongeants. Non! Nous choisissons de rester simples: femmes de ménage à la sortie de la douche pour Vincent, pures teenages importées de Thaïlande pour L.M, Laimelabite pour ma poire, et Thomas toujours coincé chez les condés pour une sombre histoire de cocaïne. Et ouais, même à Khan on sait garder la tête froide. Pour le coup, on vous envoie une petite chronique du dernier flim d'Eric Valette, histoire que vous alliez vous aussi vous dégourdir les mirettes et vous faire durcir la bistouquette.
Dernier long métrage du président du festival mauvais genre 2010, la Proie met en scène la fuite d'un détenu à la poursuite de son ancien camarade de chambrée pénitentiaire Jean Louis Maurel. Sorte de Fugitif français avec Albert en lieu et place d'Harrison, la Proie prouve une fois pour toute que le ciné frenchie a toute sa place dans les crédits de la contribution à la légende du cinéma. Traité avec une mise en scène soutenue et dénuée de tout essoufflement, le flim envoûte et nous saisit entièrement. Elle permet au spectateur de s'abandonner complètement aux tribulations de son héros hors-la-loi tout en laissant libre court à nos pensées et nos spéculations quant au dénouement ou à la scène suivante. Valette nous balade dans toute la France, de barrages forcés en battues forestières, et transforme la traque du héros en une partie de chasse qui nous prend aux tripes. Distinguant la traque et la poursuite, la Proie réussit l'exploit de ne pas nous confondre en détails superflus ou autres flagorneries scéniques pour faire d'une pierre deux coups. 
 Porté par Albert Dupontel dans le rôle titre, la Proie est aussi la preuve qu'un acteur peut être recyclé de manière convaincante, si tant est qu'il soit dirigé par de bons metteurs en scène. Albert déjoue son image de socio-weirdo-pathe et nous concocte un personnage à la fois austère et sympathique, gringalet et teigneux, indécis et réfléchi, bref un petit plaisir. Face à lui, on découvre un Stéphane Debac frais et pimpant, criminel aux doubles personnalités de père/mari respectable et de pervers psychopathe. Le comédien joue avec son personnage, à moins que ce ne soit l'inverse, pour finalement nous offrir un jeu intelligent, réfléchi et teinté d'un humour noir à la fois plaisant et inquiétant. C'est aussi l'occasion de retrouver Alice Taglioni, convaincante pour une fois, Sergi Lopez, furtif mais juste, et Zinédine Soualem, qui tente d'être crédible en comissaire autoritaire mais qui réussit simplement à se couvrir de ridicule – change ton carnet d'adresses et ça ira mieux mec, les Boon, Lelouch et autres Klapisch, ça te rapporte en pognon mais pas en street cred'.

Un bien beau flim qui n'arrive malheureusement pas à se dissocier des comparaisons aux productions bien plus coûteuses des ricains. On en vient vite à la conclusion que le polar français a enfin de l'avenir, bien qu'ayant 15 années de retard. Pendant qu' Hollywood nous balance 50 prods policières par an, le Frenchwood ne nous pond que des pitchs avec un héros vivant en marge de la société et de la loi, et où les forces de l'ordre ne sont qu'abrutis et corrompus. Réduit au ridicule par des Navarro et autres Cordier, le polar frenchie n'a jamais vraiment été en berne. Faute probable à l'impopularité de la police française et de leurs uniformes ringards, ou bien à la mauvaise image des forces de l'ordre dans l'intellect gaulois. Baignant toujours dans une mauvaise image, la police française a depuis quelques années essayé de se racheter une conduite en vain à coups de propagandes publicitaires et de séries télévisées elles-mêmes réalisées par d'anciens keufs. Et encore, une fois de plus, on retrouve nos flics ripoux qui font leur justice expéditive à grands renforts de gyrophares, de longs canons, de gros pistolets et autres calicots. Espérons simplement que le polar français saura suivre la direction menée par la Proie pour nous sortir des policiers traditionnels qui ne valent pas mieux qu'un épisode de PJ
Quoiqu'il en soit, la Proie vaut le détour et parvient à surplomber les bons polars étatsuniens. Et vous savez pourquoi ? Parce que chez nous, on sait terminer des flims autrement que par des happy ends. Prends ça dans ta gueule Hollywood !

Les 4 commentaires idiots

  1. Mouais.
    100% d'accord sauf pour le côté un peu happy end de la fin.
    Ok, c'est une fin disney mais le



    !!!!ATTENTION SPOILER !!!


    "rescapé" de la fin m'a laissé un peu sur ma faim.



    !!! FIN DU SPOILER !!! Et désolé j'ai pas trouvé moyen de l'éviter.

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  2. Justement, relis moi, je dis le contraire, le flim ne se termine pas en happy end véritable.

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  3. mais vous êtes devenu gentils ? j'ai eu raison de vous traiter de très gros pédés en fait.

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  4. J'ai hâte de lire votre chronique sur The Tree of Life, qui a de quoi susciter débats et délirs en tous genres. De mon côté, je suis devenu schizo. J'ai trouvé ça sublime tout en me faisant royalement chier. Ce n'est pas donné à quiconque.

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Fous au moins un pseudo, les anonymes ça nous pète les yeukous.