26 janv. 2011

THE GREEN HORNET : FRELON METRAGE DE QUALITE

C’est ouf comme les superhéros ont changé en une décennie. Eux, leurs motivations, leur leitmotiv, les acteurs qui les interprètent ainsi que le genre au sein même du modèle du blockbuster. C’est ce à quoi je songeais pendant que je dictais ma review à notre dactylo maison, comme ça, sans trop y réfléchir puis il paraissait évident que cette pensée égarée se devait d’articuler ce putain d’artikeul. « Rembobine Corinne, j’ai quelque chose de gros sur lequel tu vas passer toute la nuit. » Heureuse perspective.
Le superhéro à la base c’est un plutôt beau mâle en redingote qui marrave des brigands, c’est le genre qui l’impose, ça rassure le peuple et fait rêver les kidz. Il possède bien sûr une double identité histoire de pouvoir pécho x2, d’où le masque qu’il arbore jusque dans certains clubs que fréquentent tes parents. Le superhéro use de ses super-pouvoirs parce que sans il s’en prendrait plein la gueule comme n’importe quel quidam s’interposant dans une rixe in da neighborhood. Bien sûr, un superhéro s’adapte à l’époque dans laquelle il s’inscrit sinon c’est un pédé en collants et il s’appelle Superman. Voilà pour les principaux critères auquel le Frelon vert ne répond pas et c’est tant mieux : il n’a pas le physique de l’emploi et c’est d’autant plus gênant que sa double identité vacille assez vite, il a de surcroît zéro super-pouvoir et ne connaît aucune prise d’aïkido. Mais il est milliardaire. ET CA CHANGE TOUT.
Les meilleurs superhéros sont milliardaires : Batman aurait porté un costume en marbre si cette roche l’avait techniquement permis, Iron Man se serait bâti un membre en or s’il n’était pas déjà gaulé comme un âne. Le Frelon vert possède quant à lui une technologie de pointe qui renvoie Apple à l’ère du minitel. Lutte des classes au sein des vengeurs masqués ? C’est pas moi qui le dit, prenez Hancock : clodo = boulet. De plus, le Frelon exploite un Chinois qui bosse H-24 dans un garage sous-éclairé, si ça c’est pas un gage de mec qui a les loves.
Niveau physique, Seth Rogen s’éloigne des canons du genre, on est à mille lieux de Michael Keaton il y a 22 piges. Judd Apatow, dont Rogen est le poulain, a justement déclaré : « J’ai fait de Seth Rogen une star pour que des gens comme vous puissiez enfin baiser. » Merci. Le mérite revient néanmoins au Spiderman de Sam Raimi : quand l’informatique ne s’est plus résumée à windows 98, les geeks et par extension les nerds ont émergé à la surface de la Terre et Spidey a largement contribué à leur reconnaissance sociale. La nouvelle comédie US a bien sûr amplifié et installé la culture nerd au cinéma. C’est dans un prolongement logique des choses que l’on retrouve les scénaristes de Supergrave (Evan Goldberg et Seth Rogen) aux commandes d’un blockbuster superbadass.
En jetant d’abord son dévolu sur la superstar de la comédie cartoonesque Stephen Chow avant de finalement engager le génial Michel Gondry, l’objectif du duo Goldberg-Rogen était clairement de réconcilier le superhéro avec la désinvolture en ces temps austères où Batman disserte sur le Bien et le Mal même quand il dépose une pêche. D’un script émaillé de punchlines tordantes récitées par un Seth Rogen plus grand que tout, Gondry en a tiré une apologie du cool. S’il souffre par instant de la comparaison avec Kick ass – l’ado botteur de boule (autre superantihéro anachronique, même héroïsation nerd, même esthétique verte chiadée), The green hornet transcende tout ce qui a pu être réalisé ces dernières années par son habilité à jongler avec les genres sans perdre une goutte de linéarité, passant de l’action pure au buddy movie de qualité. Le duo Britt Reid/Kato fonctionne par ailleurs à plein régime à base de popopopop et d’allusions gay délirantes sur la relation qu’entretient un superhéro avec son sidekick. Gondry, s’il a délaissé ses nuages en coton et autres petites merveilles d’inventivité, honore impérialement la commande que Rogen lui a passée, se fondant dans le moule de l’entertainment pour mieux se l’approprier, distillant ça et là une loufoquerie fraîche comme une ado de Pornic.
Petite déception tout de même : bien que Christopher Waltz soit un méchant doux-dingue comme il faut, on regrettera le forfait de notre père à tous Nicolas Cage, initialement prévu dans le rôle sardonique de Chudnofsky mais qui, après douze lignes de coke au petit déj, fût convaincu que ce vilain se devait de parler avec l’accent jamaïcain t’entends.
Bercé par le clapotis des touches de la machine à écrire mais pas franchement rassuré par la respiration haletante d’une Corinne exténuée comme jamais, je conclus par ces mots : The green hornet invente un rapport insolite à la figure superhéroïque, lui conférant une proximité neuve et une débilité fièrement assumée. Par contre les loulous, VO obligatoire car Seth Rogen sans la VO c’est comme Nic Cage dans une heroic fantasy moyenâgeuse : ça devrait être interdit.

Les 8 commentaires idiots

  1. C'est super, tu dis une bonne quinzaine de fois super dans cette review, c'est que ça doit être un super film !

    Par contre je trouve que tu t'eparpilles un peu par moment, y'a que la moitié de l'article qui parle du film ...

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  2. ...oui, comme Albert je trouve aussi que ce "blog" ne fait pas assez comme Télérama ou Première, merci de corriger le tir.

    Cordialement,

    Evelyne, lectrice de Télérama et Première.

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  3. Ca reste un film de superhéros, y'a pas grand chose à en dire si ce n'est qu'effectivement c'est un super film. Mais promis, la prochaine fois je chroniquerai un film de A à Z, une vraie oeuvre avec du contenu, avec du fond, un truc style Rien à déclarer, ce genre de film intello.

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  4. Un film avec des cow boys pédés qui mangent du pudding ?

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  5. Encore une fois ! Diantre... on en dit du bien aussi par ici: http://lepasseurcritique.blogspot.com/2011/01/green-hornet.html

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  6. Je suis à peu près d'accord sur le fait que ce film nous offre une vision différente et décalée des super-héros (bien que je ne considère pas ce film comme un film de super-héros en fait).

    Mais je continue de penser que c'est raté ! La plupart des gags tombent à plat et Seth Rogen (que j'aime pourtant beaucoup) ne me paraît pas du tout à sa place dans ce rôle.

    A la limite, le film vaut le coup d'être vu pour KAto qui est vraiment génial, mais c'est tout...

    PS : j'ai largement préféré Kick-Ass dans le genre "on change un peu les règles mais ça reste un film de super-héros quand-même".

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  7. C'est de la merde la VO ! Les films en VO ça devrait être interdit ! C'est chiant !

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  8. Et sinon ? La critique du film ?

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Fous au moins un pseudo, les anonymes ça nous pète les yeukous.