11 sept. 2010

FESTIVAL DE DEAUVILLE : OU COMMENT ASBAF A PIÉTINÉ LE TAPIS ROUGE

Après les réseaux de prostitution, de drogue, de la finance, de l'ingénierie nucléaire et récemment de la mode (n'oubliez pas que vous pouvez toujours gagner notre t-shirt trop loul), il ne manquait plus à ASBAF que ceux de la scientologie et des grands festivals de cinéma pour appuyer son leadership mondial. Ayant envoyé à Allociné son lot d'ukrainiennes dociles, on a reçu en échange un pass VIP pour le 36ème Festival du cinéma américain de Deauville. Récit, reviews, backstage, potins, indiscrétions : reportage gonzo et photos pixellisées d'un festival qu'a infiltré ton gueblo préféré.
FESTIVAL DE DAUBE-VILLE
Deauville, le gratin de l'âge d'or hollywoodien y est venu en goguette, de Lauren Bacall à Rock Hudson, pareil pour le Nouvel Hollywood, de FF Coppola à Harrisson Ford, mais voilà qu'une ébullition sans égale gagna les planches normandes dès le premier jour du Festival : l'arrivée en grande pompe de Gad Elmaleh venu taper l'incruste avec sa daube pour retardés de la maternelle Moi moche et méchant en 3D steuplait (sortie le 6 octobre) (1). L'histoire d'un méchant à l'accent russo-kabyle bien décidé à voler la Lune mais qui se laisse attendrir par trois orphelines même pas encore pubères. Animation dégueu, gags foirés, musique assourdissante, ce fût assurément le bide du Festival, même ta petite soeur n'y aurait pas goûté. Et rayon people, était là Philippe Doucet aka La palette de Canal+ qui depuis qu'il a inventé la palette en trois dimensions (vue dans le Canal football club) squatte chaque projo 3D en espérant qu'on parle de lui.
Les faux évènements sont en effet légion à Deauville. Le lendemain, le gros fag qui monopolisait l'attention de toutes les festivalières se nommait Chace Crawford. Des cris hystériques se firent entendre à mesure que ça sentait la culotte humide, Nate dans Gossip girl était là quoi. Pour présenter Twelve (déjà en salles) (2). Le dernier Schumacher en date. Starring 50 Cent qui crève à la fin cul nu perdant ainsi cinq cent ans de street cred. Soient les chassés croisés de la jeunesse dorée new-yorkaise accro aux C (crack, cul, castagne) autour d'un dealer laconique avant que tout ne dérape, le tout surligné par la voix off sentencieuse de l'ami Kiefer Sutherland. Rien de nouveau sur la planète kidz, les junkies monnaient toujours leur virginité contre une dose : Twelve ressemble à un triste season final de Gossip girl qu'aurait signé un Ryan Murphy (Glee) pas en forme. Jacqueline, 58 ans, trouve par ailleurs le film "un peu excessif." Critique qu'elle ne pourrait adresser à Jewish connection (sortie le 23 février 2011), l'autre film de drogué de la sélection, immersion dans le trafic new-yorkais d'ecstasy via des juifs orthodoxes employés comme mules, tant le réal Kevin Asche fait de l'anti-Schumacher : style nineties et direction d'acteurs minimale (avec Jesse Eisenberg, vu dans Zombieland et qui explosera le mois prochain dans The social network de Fincher).
En revanche, Welcome to the Rileys (sortie le 3 novembre) (3), avec son pathos à deux balles, a enchanté la frange 45-65 ans des festivaliers. Kristen Stewart y incarne une pupute/stripteaseuse que James Gandolfini, en deuil d'une fille décédée, tente de remettre dans le droit chemin. Outre le fait que Kristen exhibe son boule d'anorexique stringée et qu'elle balance les insanités qu'ont désespère d'attendre dans Twilight ("do you wanna I blow you ?"), le film empile les clichés indés comme ton cousin débile, les Lego : maladroitement et crânement. Claudine, festivalière depuis plus de vingt ans, harponne : "Si vous n'avez pas aimé, c'est parce que vous êtes trop jeune, en tant que parent on ressent mieux les sentiments." Même si elle cache bien son jeu, Claudine est une fan inconditionnelle de Kristen : elle a également aimé The runaways (sortie le 15 septembre), biopic teen et chiant sur le rock band féminin des 70's.
L'autre film grandement plébiscité par les Deauvillais s'appelle The debt (sortie le 29 décembre) réalisé par John Madden (Shakespeare in love, le film préféré de ta mère), l'histoire de la traque d'un criminel de guerre nazi sur fond de Shoah pas digérée. Helen Mirren, qui interprète l'agent du Mossad en charge de l'enquête, a subjugué le public. Christian : "Helen Mirren géniale ! Même si on n'a pas attendu ce film pour le savoir !" "Mouais, la Meryl Streep du pauvre..." "Pardon !?" A ses côtés, l'endive bleue d'Avatar, le demi-grec en jupette du Clash des titans, Sam Worthington, se rêve en Jason Bourne youpin et assure son peu de scènes d'action. Sans lui, The debt perd en densité et sombre dans le politiquement correct qui blâme le mensonge et prône la justice en respect de la mémoire collective. Mauvais téléfilm. Ariane Massenet m'approuve.
"Mauvais téléfilm", c'est ce qu'avancera Christian sur Every day (sortie inconnue) (4) de Richard Levine, portrait du scribouillard de trash TV show qu'il était sur Nip/tuck avec Liev Schreiber, croisé la veille dans la rue, grand, beau, sympa, dans son rôle. Film qui confirme la tendance américaine à se recentrer sur la famille en temps de crise, existentielle ici, économique dans The company men (sortie le 9 février 2011) pour lequel Laurent Boyer a fait le déplacement. Le film de John Wells (ancien producteur d'Urgences) raconte le déclin du capitalisme old school vu par Ben Affleck, Tommy Lee Jones et Chris Cooper perdant successivement leurs jobs au sein de la même entreprise. La morale ? Si t'as plus les moyens d'aller jouer dans ton club de golf privé, heureusement ta famille, elle, n'a pas de prix, ton fils renonce même à sa Xbox pour save ta life.
ASBAF APPROVED
Par son jury, Deauville a mis en lumière des films qui, sans lui, auraient compté autant de spectateurs qu'une soirée mousse de province, pêle-mêle Dans la peau de John Malkovich, Little miss sunshine, Maria pleine de grâce ou encore Crash. Présidé cette année par Emmanuelle Béart, le jury aura à départager quelques très bons films mais avec Christine Citti dans ses rangs (vue dans Disco et Camping 2), la délibération avec Abderrahmane Sissako risque d'être coton. Si peu possèdent, en dépit de qualités formelles et narratives évidentes, un potentiel réellement commerciel, Buried (sortie le 3 novembre), lui, a tout pour devenir culte. Ryan Reynolds se réveille bâillonné dans un cercueil enterré sous le désert irakien avec seulement un zippo, un téléphone portable à moitié déchargé et 90 minutes d'oxygène. Soit un tour de force claustro d'un cinéaste (Rodrigo Cortès) à donf sur son exercice de style. Corinne, 55 ans, est ressortie "K.O." Quant à Jacques, 61 ans, il a "fermé les yeux quand il y avait le serpent." Faggot.
Le bon goût des festivaliers s'arrête là, métaphoriquement à la forêt, très présente dans la sélection et qui semble-t-il a désarçonné plus d'un citadin. Qu'il s'agisse de Winter's bone (sortie inconnue), portrait encensé par le New York Times d'une cosette de 17 ans recherchant son dealer de père avant la police dans un Missouri miséreux, ou de Two gates of sleep (sortie inconnue)(5), sorte d'Oncle Boomee ricain, contemplatif et naturaliste, récit biblique et quasi-muet de deux frères traînant le cercueil de leur mère à travers la forêt jusqu'à l'endroit où celle-ci souhaitait reposer en paix : ce ciné de l'extrême de deux réals promis à s'inscrire durablement dans le circuit indie US (respectivement Debra Granik et Alistair Banks Griffin) a été injustement boudé par un public plus apte à prendre en photo Emmanuelle Béart avant la projo qu'à méditer sur la notion de sacrifice. Autre film, plus confidentiel cette fois, 3 backyards (sortie inconnue) (6) d'Eric Mendelsohn, croise l'esthétique du Safe de Todd Haynes à l'expérimentation narrative de Soderbergh et s'impose comme l'oeuvre la plus élégante et racée du Festival.
Parce qu'une charte ASBAF stipule que le documentaire importe autant que la fiction, voilà le paragraphe que toi, connard de lecteur, tu vas lire en diagonale. Nul besoin donc de me casser le cul à t'expliquer l'ascension géniale de Basquiat que narre une intime du peintre Tamra Davis dans Jean-Michel Basquiat : the radiant child (sortie le 13 octobre) ni des grandes années de pop culture dont témoigne ce docu passionnant. Pop toujours, Teenage paparazzo (sortie inconnue) suit Adrian Grenier (Vince dans la série Entourage) sur les traces d'un jeune paparazzo de 14 ans qui passe ses nuits à guetter Paris Hilton aux sorties de nightclub. Estelle Denis lui a même consacré un reportage dans 100% Mag, autant dire que le sujet était incontournable. Art pop encore, Exit through the gift shop (Faites le mur !) (sortie le 15 décembre) retrace l'avènement du street art en art contemporain (via le travail de Banksy) avant de devenir le fond de commerce de singeurs opportunistes (via l'arnaque de Mister BrainWash).
Plutôt que de s'exciter comme les trois quarts des festivaliers sur Abel (sortie le 5 janvier 2011) de Diego Luna, l'histoire un peu bancale d'un môme de neuve piges qui s'octroie le rôle du père dans une famille mexicaine, ASBAF célèbre la naissance d'un futur grand acteur américain, Ryan O'Nan, premier rôle de The dry land (sortie inconnue) (7), bouleversant soldat revenu d'Irak psychologiquement détruit et embourbé dans un deuil dont il ne se souvient même plus. Ryan Piers Williams a lui aussi tout d'un réal qui compte et pas seulement parce qu'il est parvenu à tirer un semblant d'interprétation juste de la part d'America Ferrara (Ugly Betty). Les deux Ryan kiffent tellement ASBAF qu'ils dédicacent ton fournisseur officiel de reviews gravées dans le marbre de l'internet 3.0.

Seul évènement marquant du Festival : l'hommage à Gregg Araki, réal pop par excellence (Doom generation, Mysterious skin, Smiley face) et figure de proue du ciné indie US. Terry Gilliam a également reçu un hommage carabiné mais lui est artistiquement mort depuis 1995. Célébré par Roxanne Mesquida et Thomas Dekker, les acteurs de son dernier film, Araki a ensuite présenté sa nouvelle dope, Kaboom (sortie le 7 octobre) (8). Si son Nowhere fût conçu comme "un épisode de Beverly Hills 90210 sous acide", Kaboom, lui, relève alors de l'épisode de Heroes sous ecsta : c'est simple, on croirait Twin Peaks délocalisé dans un campus US (pour l'étrangeté flippante), le tout emballé par le réal de Southland tales Richard Kelly (pour la démesure malade). HUHUHUGE FILM. Et Claudine de conclure : "Je n'ai rien contre ça, l'homosexualité, je veux bien croire que ça existe, que certains n'ont pas les bons chromosomes mais là c'est trop !"

Pour finir, comme tu as pu le contaster, lecteur, Deauville, contrairement à Cannes, est un festival de cinéma très sympa où se rencontre le troisième âge non-cinéphile. La preuve en images, c'est cadeau, avec une tendre pensée envers Monsieur le Maire de Deauville.

Les 10 commentaires idiots

  1. Le plus intéressant dans ce festival ce sont les visiteurs, en fait. Ahh quelle bout-en-train cette Claudine.

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  2. Et au lit elle se la donne !

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  3. Un peu expéditif pour Kaboom qui est un putain de film complétément dégénéré ! (oué je suis gay mais je sais reconnaitre un bon film quand j'en vois un ^^)
    Dommage que vous soyez pas venu à l'étrange festival, le viol de nouveau né de "a serbian movie" vaut le détour.

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  4. je devais etre defoncé, j'ai mal lu pour kaboom lol. Content que vous ayez kiffé en fait. Demain y a "mutant girl squad" à l'étrange festival ça mériterai une review ^^ c'est comme x men avec des japoniaises qui transforme une boulangère en pain (j'attend de le voir pour le croire lol). Ca meriterais une review en tout cas ^^.

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  5. Kaboom, complètement ouais, l'un des meilleurs films de l'année.
    A Serbian movie, tout le monde en parle, ça doit pas être pour rien, je me demande d'ailleurs comment on fait pour violer un nouveau né.
    Mutant girl squad donne étrangement envie.

    DEAUVILLE INFOS : c'est Mother (pas vu) qui a gagné le Grand Prix du jury. Winter's bone ex eaquo avec The myth of american sleepover (pas vu non plus) ont reçu le Prix du jury. Jewish connection, quant à lui, a été récompensé par le jury de la Révélation. Et Buried a été célébré par le jury de la Critique Internationale. Palmarès pourri.

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  6. Serbian movie doit être consacré par Thomas dans pas longtemps, soyez patients les loulous !

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  7. Je crois n'avoir jamais lu un tel concentré de mépris et de bêtise dans un article sur le cinéma.
    ça réuni a la fois tout ce que je déteste chez les jeunes qui écrivent comme ils parlent et multiplient vannes et blagues foireuses en se foutant d'en devenir lourd; et tout ce que je déteste chez les habitants de l'hexagone à savoir le mépris, la radicalité des opinions, la méchanceté gratuite et les formulations de phrase qui se veulent cool et sophistiqués mais qui sont simplement pompeuses et prétentieuses.

    Alors d'accord ça se veut branché et sans concession mais je crois pas qu'on ait besoin d'être méprisant et prétentieux pour écrire des choses intelligentes. La simplicité a du bon aussi des fois...
    On a déjà assez des journalistes spécialisés pour lire des choses méprisantes et mal écrites, on a pas besoin que les internautes les imitent.

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  8. Yo la chose, bon je te savate rapidement parce qu'il faut que j'aille acheter le pain :

    Primo Levi : tu m'as tout l'air d'être un monsieur Michu lambda qui écrit des trucs pseudo-intelligents sur un blog ciné inintéressant et lu par ta petite soeur et ton meilleur ami paraplégique : tu crois aimer le cinéma mais lui ne t'aime pas.

    Deuzio : Je comprends pas le paragraphe sur "les habitants de l'hexagone". Tu es belge non ? Y'a vraiment qu'une souillure de belge pour faire un généralisation aussi grasse.

    Troizio : Faut vraiment être un putain de psychorigide pour pas accepter l'évidence : la blogosphère ciné est justement envahie par des mecs qui veulent se la jouer "journalistes spécialisés" en ciné, avec des blogs tellement proutprout que c'en est risible. Hééhooo les cons, on est sur internet, on peut dire tout ce qu'on a envie d'exprimer, pourquoi se foutre dans une boîte ? Tu peux faire autre chose pour impressionner Brigitte la secrétaire du 3ème, mon pote.

    Heureusement qu'on est là hein !

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  9. En effectivement ALASTOR, rien ne t’empêche de continuer a recevoir ton PREMIERE chaque mois dans ta boite au lettre, et de te délecter de belles critiques fleuries qui parfumeront aisément tes toilettes au cours de sa lecture.
    Pourquoi faire différent lorsqu'on peut faire comme les autres ? ah bah oui elle est bonne ta question.

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  10. Que je sache, de 1, aucun journaleux dit spécialisé n'écrit dans la presse écrite comme sur ASBAF. Sur ce point, nous sommes uniques et fiers de l'être. Et puis de 2, désolé on tape sévèrement sur les films de fag mais avec classe, humour et grammaire, trois qualités que malheureusement tu négliges.

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Fous au moins un pseudo, les anonymes ça nous pète les yeukous.