2 août 2010

FIRE WALK WITH ME : QUI A TRONCHÉ LAURA PALMER ?

Aujourd’hui c’est ma première contribution pour ASBAF et j’ai choisi de vous parler du film Twin Peaks : Fire walk with me. En même temps prologue et épilogue du show cultissime de David Lynch et Mark Frost, Fire Walk With Me sort en 1992, deux ans après le premier épisode de la série qui a changé les séries. L’assurance pour Lynch d’attirer au moins tous les orphelins de Laura Palmer et du Special Agent Cooper. Pour ma part, comme le film à propos de la série j’arrive sur ce blog après qu’il soit devenu un objet d’adoration (putain ils ont même des T-shirts quoi) parce que les deux tenanciers sont des flemmards et qu’ils ont choisi la ressource stagiaire pour assurer un suivi régulier dans leur publication, n’attendez donc surtout pas de la qualité de moi. Ceci étant dit, et comme ASBAF a bien voulu me tendre la main et m’offrir une vitrine de luxe pour mes putasseries alors que j’étais à deux doigts de réaliser l’innommable en créant un blog sur les vidya games je m’efforcerai au moins de respecter la ligne éditoriale de la maison.
Qu’a voulu faire David avec son film ? Pas contenter les fans qui en voulaient encore, si on se réfère à l’échec critique qu’a subi le film à sa sortie. Non, l’histoire qu’il veut raconter prend à contre pied tout ce qu’on nous a montré dans Twin Peaks. La série était une initiation à la vie. Non seulement par le cheminement sentimental et spirituel des personnages qui trouvent tous la voie, ou l‘amour, ou un dénouement atroce si ils ont négligé ces deux paramètres, mais aussi parce que chaque gorgée de café bue était un moment de bonheur, chaque personnage y était attachant et profond, bien construit et exploité. Lynch ne perdait pas une seule miette de ce qu’il avait créé et usait jusqu’à la corde les notions de plaisirs simples si bien qu’on pouvait facilement s’extasier devant la plus familière des situations. Une fois le charme rompu, il n’était pas rare de réaliser que la scène qu’on venait de voir était simplement géniale. L’interruption volontaire d’incrédulité devenait presque une routine.
FWWM, c’est la déconstruction de cela. Le film raconte plutôt une fille, Laura Palmer, devenue complètement dingue parce que tout le monde l’aime. A travers l’histoire de ses 7 derniers jours Lynch répondra à la question : pourquoi miss Twin Peaks, d’apparence bien sous toutes les coutures, avenante et charmante jeune femme est-elle morte assassinée ? Là où la série était un rêve, pendant le film on nage en plein cauchemar, tout est réglé au millimètre pour mettre mal à l’aise. Que ce soit les situations toutes plus ambigües les unes que les autres, desservies par un BO au poil où le style lynchien qui fait forcément de l’effet, impossible pour ma part de traverser ces deux heures sans éprouver une légère flippe, ce qui, entre nous, est très rare depuis que j’ai arrêté les infusions de feuilles de sauge. Certains passages comme les premières minutes du film où l’on retrouve Cooper au sein du siège du FBI de Philadelphie, en compagnie de ce cher Chief Gordon Cole (interprété par David Lynch lui-même) foutent vraiment les jetons. Comme si Lynch avait voulu reprendre les sucreries qu’il avait mitonné avec la série pour les empoisonner et les corrompre. A bien des égards FWWM c’est TP en négatif.>

C’est là le principal défaut du film, il n’est intéressant que si on a suivi la série et souffre trop de la comparaison avec cette dernière. La série se concluait sur un cliffhanger des plus dingues et on espérait qu’avec le film certaines questions seraient éclaircies. Bon, c’est effectivement partiellement le cas mais comme le film tourne autour de Laura Palmer on ne plonge pas non plus dans le gras du sujet. Autre difficulté, il est bien difficile de s’attacher et de s’intéresser vraiment au destin de Laura. Là où Lynch a voulu susciter de la pitié, vous savez, le genre de pitié qu’on ressent par exemple devant un étudiant en psychologie ou un journaliste sportif, c’est plutôt de l’agacement que l’on ressent. Car il faut bien le dire, en réalité Laura Palmer est une bonne grosse putasse. C’est le prototype de la teenage/trainée, 20 ans avant les garces insupportables qu’engendrera Skins avec les trop-hype-pour-toi SkinsParty.
Pour résumer, bande de putes, les 20 premières minutes sont parfaites et les personnages introduits auraient amplement mérité un film rien que pour eux. Après ce laps de temps, c’est cool, les vues sur un Twin Peaks lifté font plaisir et le film évite le piège de se transformer en un goodies du fanboy de la série. Et puis c’est pas tous les jours qu’on nous raconte l’histoire d’une adolescente empoisonnée de ne voir en l’autre que le désir qu’on lui voue. Hélas, à la moitié du film environ Palmer commence à devenir franchement irritante et les « mystères » qui entourent les circonstances de sa mort ne suffisent plus à faire un film. Résultat des courses, on a trop de mal à créer un lien émotionnel avec elle si bien qu’à la fin ce n’est plus que pour le style qu’on continue de mater. Mais sur ce point, Lynch ne vous décevra pas.

Les 7 commentaires idiots

  1. Après que + indicatif

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  2. - élu commentaire le plus constructif de 2010.

    L'académie accepte "après que + subjonctif", merci !

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  3. Sinon bonne review, bienvenue dans le Klan ! Ahh c'est quand même une grosse chagasse cette Laura Palmer... Elle l'a pas volée sa rouste.

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  4. Merci patwon ! J'ai encore tout plein de reviews prévues qui parleront des femmes épanouies du cinéma !

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  5. on dit pas shagass plutôt ?
    (vice commentaire le plus constructif de l'année, mais en plus fun puisque ça parle d'orthographier une prononciation -dont tout le monde se tape quand même- ).

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  6. http://cheezcomixed.files.wordpress.com/2010/08/03254c86-c1a1-40e6-ab75-5f65a89f5f4e.jpg

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Fous au moins un pseudo, les anonymes ça nous pète les yeukous.