30 avr. 2010

LA MERDITUDE DES CHOSES

J'ai ouvert Word en vue de taper une review merdique de Greenzone, le dernier flime de Paul Greengrass avec Matt Damon (qui avaient déjà collaboré sur Jason Bourne 2 et 3), histoire de surfer sur la sortie du bousin et la jouer opportuniste avide de visites et de flouze. C'était sans compter sur mon âme de gaucho refoulé qui m'a rappelé à l'ordre (et j'avais de toute façon une flemme monstre) : voici donc La Merditude des Choses ; je vous épargne le titre V.O. imbitable.
La Merditude des Choses est un film qui fleure bon la bière et le cuir des blousons portés sous des coupes mulet assumées : ça aurait pu venir de Picardie, mais ça vient de Flandre (qui est, rappelons-le, la partie sud de la Belgique selon les illustres grands reporters de l'extrême de chez TF1). Günther Strobbe, au centre du film, n'a pas seulement un nom à coucher dehors : c'est un gosse de douze ou treize piges qui vit avec son père, sa grand-mère et ses trois oncles dans un seul et même taudis d'une région industrielle ravagée. C'est l'histoire des quelques mois déterminants de l'enfance de Günther Strobbe vue par son lui adulte.
Si j'étais persuadé au vu de la bande-annonce que La Merditude allait être une tuerie, je ne me doutais pas que j'aurais affaire à un film si mélancolique et désespéré. Felix Van Groeningen, le réalisateur, nous choppe par la peau du cou et nous jette sans prévenir sous la douche glaciale d'un drame familial, d'une fable sociale à la morale nécrosée et d'un flux continu de centaines de litres de bière.
Et tout est lié, évidemment. Un père alcoolo, des oncles barrés, une grand-mère en contrepoids trop peu efficace. Une école qui n'est même pas une échappatoire à la vie à la maison et encore moins une alternative valable.
On retrouve une des grandes thématiques du film social, celle de l'effort vain. Mais le réal ne se perd pas pour autant dans le cliché du "tout déterminisme". L'action de l'individu et ici des personnages, si elle est inefficace, sert aussi malheureusement à faire sombrer les destins, même pour des causes nobles. Je pense aux choix successifs de Günther de se rapprocher de l'école (ou en réalité de s'éloigner des fiers Strobbe) contre la volonté de son père qui, malgré trois frères et une mère présents en permanence, va se retrouver nez à nez avec son verre.
Le film est gris, c'est le teint qui vient à l'esprit quand on repense à La Merditude. Du morne, la mort peut-être, un gris sale, comme si la fumée dégueulasse des usines qui ne tournent plus depuis des années était retombée en un brouillard opaque sur la ville déserte, dissimulant des âmes mortes qui ne se retrouvent plus que pour se mettre des grosses races au troquet ou à l'occasion de concours de beuverie plutôt sévères. Des moments d'évasion (comme la course annuelle de cyclisme à poil) trop rares, trop faux pour constituer une réelle fuite.


La Merditude des Choses est-il un film drôle ? Sûrement. Vous y verrez des queues-leu-leu avec des naines sur fond de chansons paillardes, des culs secs de bière par des gamines de dix ans et y entendrez des dialogues excellents. Mais fondamentalement amusant, j'en doute. Vous rirez, oui, vous rirez jaune aussi. Vous rirez gris, probablement.

Les 6 commentaires idiots

  1. Je vois pas ce qui est imprononçable dans De helaasheid der dingen. En plus ça sonne bien.

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  2. Une chouette critique écrite avec le cuuuur, quel poète! (comme George) Et moi jpourrai faire critique de critique!

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  3. George ? mais qu'est-ce que j'ai avoir avec George ? Rien en fait !

    Thanks : )

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  4. le film est une tuerie nom de diou. Au niveau de la critique, c est la premiere fois que Asbaf ecrit ce que j ai exactement pense du film en question donc c est cool, merci asbaf je n aurais sans doute pas connu le film sans toi. c est charly, j arrive pas a me connecter c est de la meeerde

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  5. Ouais, c'est un peu le Gummo belge, ce film. Niveau coupe de cheveux, c'est carrément anthologique.

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  6. En effet. Un peu le Gummo belge dans le sens où tout est complètement mort et immobile.. Gummo est quand même autrement plus barré, sinon (je trouve).

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Fous au moins un pseudo, les anonymes ça nous pète les yeukous.