Scène de la vie de tous les jours, backroom cannoise du jury 2011. Après avoir écartelé Uma Thurman dans la salle de bains du Sofitel local (le Martinez) puis craché son plus gluant mollard sur la poire de Johnnie To, « pire niakwé parmi les niakwés » selon ses propres dires, Bob DeNiro trancha : sa Palme d’or sera remise à Terrence Malick. Certains membres du jury contestèrent parmi lesquels Olivier Assayas. Bob le toisa, fît mine d’acquiescer puis sourit hypocritement avant de tendre sa chaussure gauche – que ce dernier cira avec joie. « Cet homme est une légende vivante, je me souviendrai longtemps de ce grand moment de cinéma, cirer sa pompe, wahou », concèdera plus tard le réal de Carlos : du terrorisme au Big bisou. Quant à Jude Law, bel acteur mais une brêle en ciné, il n’eut pas même le temps de récuser, Martina Gusman étant une sud-américaine pur jus (une insatiable cochonne). The tree of life figurera donc au sommet du palmarès cannois. Et Bob d’ajouter : « J’allais tout de même pas remettre une foutue Palme à un dégénéré de Turc (Nuri Bilge Ceylan, ndlr), l’Amérique se devait de triompher de l’Axe du Mal. »
Film messianique que la plèbe cinéphile fantasma durant des années, hué en début de festival, The tree of life divise indubitablement la critique. Deux camps s’affrontent tels les Israéliens et Palestiniens des beaux jours autour d’un Mur des lamentations cinématographique : alors, film malade ou chef d’œuvre ? Ni l’un ni l’autre. À trop vénérer Terrence Malick, à trop en faire le cinéaste providentiel, beaucoup ont vu en lui une Poule aux œufs d’or qui ne pondraient que des chef-d’œuvres. Problème : Malick lui-même y a cru.
On l’a souvent comparé à Kubrick pour sa majesté visuelle et son côté « génie vivant » et jusque là Malick s’en absolvait fort joliment, ex: La ligne rouge étant l’anti-Full metal jacket. S’ils partagent un patronyme en –ick (avec également le tennisman manchot Andy Roddick), les deux réals n’ont rien d’autre en commun : au perfectionnisme technique de Kubrick, Malick privilégie une poésie naturaliste. Alors quand, 40 ans après 2001, le réal des Moissons du ciel entreprend une vague odyssée dans l’espace, les cinéphiles débiles frémissent et y décèlent un derby de cinéma annoncé. Sauf que Malick ne s’intéresse en rien à l’espace proprement dit, il n’est question dans Tree of life que de Création, Genèse et toutes ces conneries bibliques incompréhensibles durant lesquelles j’ai regretté ma récente conversion à l’Islam.
Le film mêle Création du monde et sa continuité la plus banale, une brève familiale des fifties. Dans ces deux volets, les voies de la Grâce et de la Nature s’affrontent. Explosion de magma et nucléosynthèse stellaire d’un côté, éducation à la dure de trois kids de l’autre. La Nature, c’est ce jeune garçon brun (futur Sean Penn en tourmente) qui s’attaque peu à peu à son jeune frère blond, la Grâce. La Nature, c’est également ce dinosaure véloce qui s’apprête à dévorer un dinosaure plus faible et qui finalement l’épargne : instant de Grâce. À l’instar de Kubrick qui illustrait la naissance du premier outil de l’Humanité dans 2001, Malick en peint le premier acte de Grâce. C’est beau et pas con, dommage que les têtes de nœud se focalisent sur l’effet spécial back from les années 90 de ladite scène des dinos.
Bon, on ne va pas non plus théoriser 120 ans sur le film, c’est pas Les cahiers du cinéma ici, dans notre rédac on s’encule, on ne se touche pas sur de la bobine. Que vaut donc réellement The tree of life ? Il se dégage du film une certaine altesse, sans aucune pareille à l’heure actuelle, qui légitime totalement la Palme d’or. C’est grâce à cette évidence artistique qui traverse ces scènes flottantes sans début ni fin que le film peut se permettre de dépasser ses bornes, quitte à ne plus connaître de limite. La forme cautionne-t-elle alors le fond cosmologico-mystique ? Oui. Et au-delà du charabia religieux se traduit une pensée plus profonde, un sens plus ancré, peut-être une angoisse de fin de civilisation ou bien une panne de réseau wi-fi. Qui sait.
Bob DeNiro a eu raison de martyriser ses petits camarades. Faite de fulgurances et de ratages, The tree of life, si elle demeure absolument imparfaite, est une œuvre à digérer. Et comme l’a dit l’un des membres du jury, le cinéaste tchadien Mahamat Saleh Haroun : « Bob m’appelait constamment Ben Laden et refusait que j’assiste aux projections des films, arguant que ma vraie place se trouvait avec mes confrères africains éboueurs. Mais au fond, je crois que ça valait franchement le coup. »
Je pense que votre approche était la meilleure pour ce film, qui tourne parfois au ridicule mais comportent également tellement de beaux instants.
RépondreSupprimerMais vous avez raison, Malick a lui aussi fini par contre qu'il était le réalisateur providentiel ^^
Bien vu pour le premier instant de grâce avec le dino en comparaison avec le premier outil du poilu. Tu vas pouvoir le clamer aux blogueurs frustrés : cette scène a un sens, et, en plus, un sens cinématographique.
RépondreSupprimerBonne critique, comme dit Wilyrah, vous devez être parmi les mieux placés pour parler du film.
RépondreSupprimerBonne critique du film que je n'ai pas vu.
RépondreSupprimerMouais, sauf que l'instant de grâce n'est pas le premier avec les dinos : il est présent à chaque plan... Malick dans son délire a inventé une grâce continuée...
RépondreSupprimerEt puis non, la forme, fusse-t-elle extraordinaire, ne justifie pas le fond abrutissant et obsessionnel ; c'est bien le fond qui ruine toute contemplation plausible et intelligente...
Quant au parallèle avec De Niro, c'est ça : une palme de catho à catho, pour bons services rendus... Effrayant.
Oui, il y a deux camps qui s'affrontent, les arguments sont plausibles des deux cotés pour la simple et bonne raison que le film est trop vague pour que tout le monde ressente la même chose. Je vais pas revenir sur ce que je pense du film, et ses nombreuses allusions. Je pense juste que ce cinéma (qui est un petit peu né d'une prétention cinéphile que Cannes vénère particulièrement) est trop complexe pour qu'on le comprenne. C'est un OVNI qui laisse sans voix, mais à nous de savoir si cela à un coté positif ou négatif (le négitif penche beaucoup de mon coté).
RépondreSupprimerTu n'es pas crédible une seule seconde en défendant ce film (ça se sent ta critique plutôt floue et avare en points d'analyse vraiment pertinents), c'est juste pour faire ton intéressant, une fois de plus (comme le Allen, quelle rigolade quand même). Par contre, je te crois volontiers quand tu dis que vous passez votre temps à vous sodomiser tendrement sur vos bureaux. A quand les photos sur ASBAF ?
RépondreSupprimer@mymp On organise bientôt une partouze géante en association avec un orphelinat bulgare si ça t'intéresse, il reste encore des places disponibles. Tu peux même ramener des potes, on sera heureux. Nos bureaux sont aussi grands que nos égos, c'est dire s'il y a de la place
RépondreSupprimerWouaaaiiiiis Malick power, à bas les dégénérés du bulbes qui ont rien compris au film. Hum...
RépondreSupprimerEuh, sinon, vous vous enculez souvent donc. Je peux devenir rédacteur chez vous ?
Y'a Brad Pitt . What else do you need ?
RépondreSupprimerObjectivement Brad Pitt est beau , il est hot, il est sex je le vois je le veux , c'est tout .Je sais pas de quoi parle le film et j'allais certainement pas lire vos conneries mais y'a Brad Pitt , what else do i need?
Bon j'en sors, et je dois dire ne pas y avoir déceler le quart de ce que Malick a voulu y mettre. Le terme d’œuvre "absolument imparfaite" reflète très bien le flim. Par contre, afficher Sean Penn sur l'affiche est un bien gros foutage de gueule. Je reste indécis. Je crois que j'ai aimé. Qui sait.
RépondreSupprimerAssez d'accord.
RépondreSupprimerComme quoi, à Asbaf, vous avez beau être des malades de la sodomie et autres "blowjobs" vous avez aussi une certaine sensibilité bien cachée au-delà de vos caleçons puants !
C'est... touchant.
eh bien merci de nous faire partager avec autant de finesse les coulisses du jury kahnois !
RépondreSupprimerbravo pour cette chronique du film aussi, qui dit tout très bien, sans trop vous masturber sur la pellicule... je crois que je vous aime ! (ça pose un problème ?)
Pour un autre son de cloche, je vous invite à lire la critique Il a Osé !
RépondreSupprimerhttp://ilaose.blogspot.com/2011/05/tree-of-life.html (ou dans mon blaze)
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RépondreSupprimerDommage que les images turées de Home et le Saturne en images de synthèse gâchent le moment métaphysique du film, sans compter les répliques façon "La vie c'est dur, d'où venons-nous, où aller ?".
RépondreSupprimerMais mention à Jessica Chastain qui est un ange de grâce et de beauté, et le film, tout compte fait, est fascinant.
Hé bien ... Ca finit en lyrisme ton éloge judéo chrétien !
RépondreSupprimer"durant lesquelles j’ai regretté ma récente conversion à l’Islam". Je garde ma burka dans la baignoire ?