7 mai 2011

ON ETAIT AU FESTIVAL MAUVAIS GENRE : PART 4

Voici ouverte la quatrième et dernière séance de ce festival fort en rebondissements. On débute le dimanche par une séance nippone avec Takashi Miike derrière la caméra. Le niakois à la liste de réalisations et de productions plus longue que celle de Schindler signe ici la suite de son héros au costume zébré : Zebraman 2. Pour ceux qui ne connaissent pas Zebraman, c'est l'histoire d'un professeur qui obtient des pouvoirs qui lui confèrent une force surhumaine ainsi que la possibilité de voler, en plus de lui procurer une armure zebrée noire et blanche. Dans ce deuxième volet, après 15 années d'absence, le vieux sensei redécouvre peu à peu qui il était, et comment retrouver les pouvoirs qui l'ont rendu célèbre pour contrer le nouveau vilain gouverneur.
Le flim du réalisateur d'Ichi the Killer s'inscrit dans le système D : Déjanté, Drôle et Délirant. N'y voyez aucun sérieux, le flim prend des allures de récit superhéroïque où la loufoquerie du réal n'a aucune limite, et où les moqueries du système et de la société japonaise en général pullulent. Malheureusement, cet excès finit par devenir lassant, là où une explication en 2 plans de 30 secondes auraient suffi, Miike fait joujou avec des effets spéciaux en surnombre pendant 10 minutes. Mais cela lui est vite pardonné grâce au charme de son actrice principale à la plastique de rêve que l'on espère revoir très vite. Cependant, je ne puis m'empêcher de penser que le flim, avec son budget pharaonique comparé aux autres de la compétition, n'avait pas sa place dans la sélection.
L'après-midi se poursuit avec la programmation d'une conférence ayant pour invité le président du festival 2011 : Thierry Frémont, et animée par Gary. La rencontre se révèle axée sur des échanges sur le métier d'acteur et sur le vécu du milieu théâtral, le tout parsemé de divers extraits vidéos de Gabin à Kubrick en passant par Les Démons de Jésus. On sent que le meeting était plus fait pour la forme et le protocole. On en ressort vaguement indifférents, et courons nous goinfrer des succulents courts-métrages concoctés pour la sélection MADE IN FRANCE chroniquée précédemment par mon confrère.
La nuit tombée, nous enchainons les projections avec la soirée Y'a du bon dans la science fiction. Au programme, deux longs métrages : Invasion Planète X et Kaydara. Nous regretterons amèrement la déprogrammation du semble-t-il culte Flesh Gordon. Le premier est un flim japonais qui date de 1965 et qui a pour réalisateur le papa de la flopée des Godzilla movies. C'est toujours dans cette lignée – que l'on croit sans fin – qu' Invasion Planète X s'inscrit. En véritable king des nanars du soleil levant, Ishirô Honda nous livre une histoire interplanétaire monstrueuse. Deux astronautes japonais sont envoyés dans l'espace pour mettre le pas sur une planète jusqu'alors inconnue. Une fois le pied posé et le drapeau planté, nos deux héros découvrent une civilisation hors du commun et pourtant peu différente de la nôtre. En avance sur la technologie et les sciences, un pacte est conclu entre les deux planètes pour l'acheminement de Godzilla et Rodan vers la planète X afin de combattre l'affreux monstre volant à trois têtes King Ghidorah, en échange d'un remède contre le cancer, lequel on ne sait pas, mais ça on s'en branle. Bien évidemment, les faussement gentils extraterrestres ont d'autres plans en tête. TIN TIN TIN.
Tout le monde retient son souffle devant pareille merveille du nanar. Entre l'utilisation à outrance des maquettes, les acteurs coiffés de la fourrure Godzillienne, les histoires de romance emboitées et les dialogues aux nombreuses allusions pornographiques, le flim se joue du ridicule, n'a peur d'aucun cliché et affirme haut et fort son manque de budget. Pas entièrement mauvais et doté de bonne volonté, le visionnage de la pelloche procure une bonne dose de fun et de scènes tordantes. Ajoutez-y une pincée de décades, des acteurs bankables et Roland Emmerich, vous obtiendrez un savant mélange entre Independance Day et Godzilla [1998]. Au grand dam de l'ami Vincent, Reno ne joue pas dedans cette fois.
Kaydara est le long métrage dont Ratrix Hero est tiré. Après six ans de création, les deux réals nous livrent le fan movie ultime de la trilogie des frères Wachowski. En tout 55 minutes de calvaire et de supplice pour un flim presque caricatural de la geekitude et de la fanboyitude absolue. En plus de me laisser pantois quant au sujet choisi, le métrage ne fait que pomper les scènes mémorables du premier des Matrix, en prenant bien soin de ne pas toucher à l'icône de l'élu et sans rien apporter tant au niveau du scénar qu'au niveau de la mise en scène. Sur fond de BO à guitares saturées, il semble que le duo cherche à justifier son appartenance au monde rock underground avec leurs héros gotho-putes aux cheveux longs et leur idolâtrie gerbante de l'élu Keanu "Sad" Reeves. Le seul fait que Néo soit photo-reconstitué sous les mêmes traits nous laisse rêveurs quant au nombre de branlettes que les réals se sont tapés sur leur icône. Unique point fort, le travail des effets visuels est globalement satisfaisant, définissant à l'évidence un flim de techniciens et non d'auteurs de ciné. Nous n'en retiendrons aucune originalité et aucun intérêt.
Nos emplois du temps étant chargés – compétition de step-aquagym – , nous n'assisterons pas à l'intégralité de la dernière journée. Nous décidons donc de terminer le festival avec la compétition internationale de courts-métrages. 13 courts allant de 4 à 11 minutes sont alors présentés. Par ordre de projection, nous découvrons :
N°1009 : un périple robotique et maternel ; le truc n'est pas mauvais mais vite oubliable.
Les Conviviaux : Un diner d'amis qui part en couille ; sympa et surprenant mais là non plus rien d'incroyable.
Danny Boy : une histoire sans queue ni tête ; d'inspiration burtonienne, l'animation se révèle à l'inverse de mes préjugés, enchanteresse et romantique, assurément le meilleur court de la programmation.
The White Face : un meurtre au chandelier pour une bague ensorcelée ; trop court pour développer pleinement le récit, on ne comprend rien mais au fond on s'en fout.
Mutantland : La vision de la chaine alimentaire dans un futur extraterrestre ; très bien foutu, on regrette que ça ne soit pas plus long.
Comme un chien : Une machination meurtrière filmée style happy slapping ; premier court de Benoit Delépine, le résultat se révèle innovant et machiavélique. On en redemande.
Strange invention : Un animé retraçant le parcours d'un inventeur pas comme les autres ; Entièrement dessiné à la main et doté d'un scénario entrainant, mais pas suffisamment poussé pour que l'on s'y attache.
Hatch : Un mec chie un œuf ; plutôt étrange et crados, le pitch assure une chute inattendue.
The Astronomer's sun : Le combat d'un savant contre une comète ; un conte poétique et dramatique à découvrir d'urgence.
The Old ways : Une exécution old fashionned style pour un détenu new gen ; original et cinglé, le court se distingue par une fiction drôle et bien pensée.
The Cats of Mars meet the toy car : Des chats martiens parcourent l'espace en tapis volant ; charmant par sa narration en alexandrin, mais totalement chiant.
Black Horse : Un enfant tente de s'affirmer du monde adulte accompagné de son porte-bonheur équestre ; scénario inattendu et dessin assumé brouillon, il lui manque juste une touche de charme.
Junko's Shamisen : Une apprentie Samouraï part venger la mort de son senseï de grand père ; manquant cruellement d'originalité et pourtant graphiquement réussi, le court vacille et tombe dans le désintérêt le plus total.
Jury sur ton internet fantaisie, nous prenons la sage décision de rendre le palmarès estampillé ASBAF. Concernant les courts-métrages en compétition, L.M porte son choix sur The Astronomer's Sun, tandis que je déverse mon amour pour Danny Boy. Côté long métrages, nous regrettons bien évidemment d'avoir manqué deux des flims en compet', mais sur ceux visionnés, nous tombons d'accord pour élire The Neighbour Zombies en tant que meilleur flim du festival mauvais genre 2011. Nous attribuons également une mention particulière à la Balada Triste de Trompeta et Fubar 2, qui nous ont attendri autant qu'émerveillés.
En définitive, une 5ème édition couronnée de réussite d'un festival qui gagne à être connu. Mettez les bières au frais, on revient l'an prochain !

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Fous au moins un pseudo, les anonymes ça nous pète les yeukous.