Après voir chié sur les plus mauvaises sorties de ce début d'année, chez ASBAF comme dans ton Carrefour, le positif est de retour. Aujourd'hui on te parle d'un film dont le titre québecquois fait écho au surnom que l'on m'a octroyé à la Fistinière pour des raisons que les intéressés désormais handicapés à vie préféreront taire : "Le coup de grâce". En VF dans le texte : Fighter de David O. Russell, un film sur la boxe, la sueur et la fraternité, featuring Mark Wahlberg et 2 Oscars.
Ce film bazed owna trou story retrace l'histoire d'une fratrie de deux frères liés par la passion du ring, des combats musclés et des douches chaudes à l'arrière des vestiaires. L'aîné est une ex-gloire locale (fière d'un KO administré à Sugar Ray Leonard en 1974) tombée dans la dope (le crack), le cadet est un jeune (plus tout jeune) pousse qui sait cogner mais qui peine à lancer sa carrière : le premier entraîne le second, plaçant en lui les espoirs auxquels il n'a lui-même pas su répondre en son temps. Autour d'eux gravitent leur maxi famille de prolos, à savoir un beau-père obèse mais brave, une mère archi-dégueulasse et sept foutues soeurs qui ont pour point commun d'avoir toutes échoué au brevet des collèges. Le héros devra donc choisir entre sa famille white trash et le devoir sportif à accomplir s'il veut décrocher les étoiles, marcher sur l'arc-en-ciel et ainsi triompher sur le zénith de ce noble sport qu'est la boxe.
Un pareil sujet (1kg de pathos pour 100g de prolétariat) entre les mains du premier cinéaste venu pour qui conscience sociale = stabilo émotionnel, style Darren Aronofsky un temps attaché au projet, ç'aurait pu niquer ce film porté à bout de gants Everlast par Mark Walhberg. David O. Russell a su relever le défi et éviter un à un les écueils du misérabilisme qui guettait le film. Le réal humanise ses prolos et les grandit par ce prisme magique qu'on appelle cinéma. Fighter est un film si beau qu'il a changé le regard que je portais jusqu'alors sur les cas sociaux qui m'entouraient. Pardon Donovan, Kevin, Jason, pardon Sabrina, Gwendoline, Sylvette, pardon d'avoir snobé vos demandes d'ajout en ami sur facebook et ce malgré notre année de 5ème commune et ces touchantes retrouvailles à la JAPD. Pardon à vous, Brian et Coralie, de me délecter de vos têtes rougeaudes exhibant fièrement l'enfant que vous élevez à la dure du haut de vos 19 ans. Pardon à toi, Mickaël, de me foutre royalement des gentes alus que tu viens de poser sur ta nouvelle titine turbo diesel sport injection que tu exhibes jusqu'à ton icône msn. Pardon à vous, Brandon et Jordan, de ricaner de vos joggings Chelsea ou Manchester united qui vous siéent à merveille avec vos chapkas et vos imitations aviator chinées à bon prix sur le marché. Et surtout pardon à toi, Magalie, de faire de tes pseudos facebook mes ultimes phrases cultes qui me font tant briller en société ("Saint-valentin pluvieuse comme le coeur, il est pluvieux lui aussi =(").
Si Fighter c'est trop de la bebom, c'est en grande partie grâce à la dualité qui l'habite et que David O. Russell parvient parfaitement à faire coexister : le film social et le film de sport. En se répondant en écho, chacun prouve qu'il ne fonctionne que grâce à l'autre. Les enjeux émotionnels reposent sur les enjeux sportifs et vice versa, jusqu'à devenir indissociables à nos yeux. Et en nous plongeant ainsi au coeur desdits enjeux, en nous embarquant aussi intimement au sein de la famille Ward, le réal parvient à gratouiller à l'aise notre corde sensible. On s'attache à ces personnages comme on s'attache à ce film "Rocky-friendly" : plus on aime ces prolos, plus on se met à désirer un final balboaesque. Go Wahlberg, uppercut, crochet du droit, tête-corps-tête-corps, mets-le knock out, vends-nous du rêve oscarisable bon dieu.
Wahlberg justement. C'est peu de dire qu'il trouve ici son meilleur rôle - au moins aussi intense que celui dans Shooter. Regard d'enfant, rêve d'ado et désespoir d'éternel rookie, c'est son histoire déguisée qu'il nous raconte, sans artifice, juste lui face à son passé, devant la caméra. Christian Bale s'est quand à lui mis une belle race, 25kg en moins et une tonsure au milieu du crâne, afin de ne faire plus qu'un avec son character. Deux styles d'interprétation s'opposent (l'inspiration dans le vécu vs. la création bigger than reality) et bien sûr se complètent. C'est tout le talent de David O. Russell que de compacter les extrêmes en une seule et même unité surpuissante. Fighter lui doit beaucoup.
Je dois également beaucoup à Fighter. Désormais quand Jocelyne, notre femme de ménage, débarque dans les locaux d'ASBAF avec ses trois chiards déscolarisés et une poussette qui ne lui sert qu'à transporter une plaque de cuisine électrique rouillée, je ne lui crache plus au visage comme tout bon quidam qui se respeskte. Je lui souris et je me sens homme meilleur. Merci Hollywood.
Héhé, c'est bien la première qu'ASBAF a aimé un film plus que moi. Bon alors je crache ma bile mais j'ai pas grand chose à ajouter si ce n'est que Wahlberg et Bale sont effectivement énormes. Je ne sais pas si c'est le meilleur rôle de Wahlberg puisque je le connais pas tant que ça (Phénomènes que j'ai adoré mais que, j'imagine, vous avez trouvé pourri, et Lovely Bones où je le trouve quand même absolument génial).
RépondreSupprimerTiens un truc qui m'a fait marrer, je regardais la filmographie de Wahlberg justement, sur Allociné, et j'ai vu ça :
"Il partage ensuite l'affiche avec Christopher Nolan pour Fighter, réalisé par David O. Russell."
Hahaha les bandes de glands.
Ben voilà, pas besoin de faire genre la fine bouche sur un film unanimement reconnu comme génial (t'étais consentant, avoue, pour Aronofsky) pour faire une putain de critique asbafienne ! C dé bar XdDDDDd.
RépondreSupprimer"Fighter" a aussi été pour moi, une grosse claque parmi les grosses baffes.
RépondreSupprimerL'un de meilleurs films de l'année, devant "Green Hornet" (que vous avez bien aimé, je crois) mais derrière "Black Swan" (on peut pas toujours être d'accord) !
Comme souvent, très amusant à lire :)
RépondreSupprimerMais c'est qu'il a un coeur, le Vincent...
RépondreSupprimerBon moi la boxe je m'en tamponne le coquillard mais le reste est pas mal fait. Les acteurs sont au top, c'est déjà ça.
Marl Whalberg s'est entrainé comme un dingue et Amy Adams est craquante mais c'est bel et bien la magnifique Melissa Leo et Christian Bale les plus impressionnants. Le plus gros soucis reste les trop nombreuses ellipses dans la carrière de Ward ; Ward a par exemple eu une coupure de 3 ans qui est complètement occultée. C'est un très bon film même si on lui préfèrera, dans le genre, "Gentleman Jim" ou "Raging Bull". 3/4
RépondreSupprimerJe ne pense pas sincèrement que l'on puisse aimer ce film.
RépondreSupprimerWahlberg dans son meilleur rôle... Vous n'avez pas vu Boogie Nights ? Fighter serait probablement intéressant si des films comme Raging Bull ou même Rocky n'avait pas été tourné.
RépondreSupprimerBien sympa votre légende en dessous de Christian "Da Crackhead" Bale et Mark "Da Pouetpouet" Wahlberg.
c'est marrant que vous défendiez un film que j'ai trouvé finalement assez banal... après que vous ayez détruit tous les chef d'oeuvre de ce début d'année... c'est trop asbaf'é !
RépondreSupprimerFilm de merde
RépondreSupprimerJe dois dire que j'ai bien envie de le voir, mais il faut que je trouve le temps...
RépondreSupprimerJ'aime beaucoup votre style de critique, c'est très 2d degré (voir 3e) et foutrement bien écrit!
Je reviendrai ^^