6 sept. 2009

CORALINE ET SES PROBLÈMES DE BOUTONS

Récemment, histoire de faire passer un mal de ventre relatif au twist de l'épisode final de Twin Peaks (note : faire un billet sur la série), je décidai de me changer les idées avec un film innocent et gentillet. J'ai d'ailleurs peut-être fait une erreur en jetant mon dévolu sur Coraline, film d'animation d'Henry Selick produit par Tim Burton, n'ayant connu qu'une médiatisation limitée ici-bas. Les critiques, en tout cas, sont unanimes : c'est un chef d'œuvre. Il me semble qu'il n'y a que chez ces pisse-froid de La Croix que ça a bloqué mais... un peu d'indulgence, il faut voir le préposé aux critiques ciné (j'insiste sur le titre) de chez La Croix comme un vieux toutou usé, posant régulièrement sa pêche sur un tapis tout aussi vieux et usé. Allez, ce n'est pas bien grave... on se pince le nez, on détourne le regard et zou, poubelle. Mais je m'égare.

Coraline — prononcer "Coreulaïne", en anglais — est donc l'histoire d'une jeune fille emménageant avec ses parents alcoolosécrivains dans une grande maison située je crois en pleine Creuse, j'ai reconnu une dune. Coraline s'ennuie de ses amis et n'obtient pas de ses parents toute l'attention qu'une ado de quinze ans nécessite. Ceci jusqu'à ce qu'elle trouve dans le salon une petite porte mystérieuse que sa mère lui interdira évidemment d'ouvrir. Derrière la porte, elle découvre un monde parallèle idyllique : son père n'est pas alcoolique et lui mijote des petits plats, sa mère est aux petits soins, il fait une météo superbe et le Gang des Barbares est un groupe de jazz-rock fusion. Seulement voilà, à l'instar du type sous le costume de Casimir qui bat probablement ses enfants le soir pour contrebalancer tout ce bonheur en barre, dans le monde que découvre Coraline, les humains ont des boutons noirs cousus à la place des yeux, ce qui, vous l'imaginez, leur donne une allure fort dérangeante. On sent le coup fourré arriver et ça ne manque pas, "l'autre mère" va vouloir lui coudre à elle aussi des boutons. Coraline va devoir ensuite sauver ses parents, etc. Pas grand intérêt d'aller plus loin dans le synopsis.

Concernant la réalisation, c'est du Henry Selick soit le réalisateur de The Nightmare Before Christmas (L'Etrange Noël de Monsieur Jack). La patte graphique et l'animation sont tout à fait particulières, on n'a à l'évidence pas affaire à un Dreamworks — bon je l'avoue... c'était pour placer cette image — mais pas à un Etrange Noël non plus... Il est réalisé (en partie) en stop motion — à la Wallace et Gromit ou L'Etrange Noël d'ailleurs —, procédé ici extrêmement convaincant en particulier pour l'animation des visages ; il me semble avoir vu dans les crédits qu'on la doit à un français, hommage à lui. En parlant de français, j'ai eu l'impression pendant le film que la réalisation était de chez nous, sans doute en partie parce qu'il a quelque chose des Triplettes de Belleville, avec ses vieilles et son ambiance farfelue, je pense au Monsieur Loyal gymnaste qui vit au-dessus. On s'étonne même pendant la première partie du film qu'il ne soit pas, visuellement, davantage Burtonien : où est l'architecture biscornue, où sont les personnages moins humains qu'humanoïdes, etc. Cette scénographie gothique ne tarde pas à se peindre et Selick arrive néanmoins à garder un tout cohérent et propre à l'univers créé, auquel on s'acclimate volontiers. Le film est sombre, malsain même, par son atmosphère dichotomique mettant constamment en scène à la fois une béatitude affichée par zi ozeur mozeur ("l'autre mère", dans la VF) et le cauchemar que le spectateur voit comme imminent. Autant dire que pour un film à priori innocent et gentillet, on prend quelques coups dans le bide.

Ah j'ai oublié de dire que c'est une adaptation d'un livre sorti au début des années 2000. Sinon c'est un peu chiant parce que fort d'un esprit pourtant vif comme l'aigle et critique comme le type de chez La Croix, je ne vois pas de défaut particulier à ce film. Poétique à souhait, plein de scènes drôles, on ne s'ennuie pas une seconde. Il plaira à tous les publics, donc même si tu es un true rebelle ou un fana de snuff-movies coréens (quoique), cours acheter cette dope.

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